Ali Aarrass est né le 4 mars 1962 à Melilla, petite enclave espagnole située au nord du Maroc. C’est le premier enfant du deuxième mariage de Mustafa Aarrass. Celui-ci eut, avec sa première épouse Fadma, six enfants dont quatre filles et deux garçons. Sa seconde épouse, Toucha, a eu deux enfants : Ali donc, et Farida. Ce mariage ne dura que cinq ans. Le divorce fut prononcé alors qu’Ali n’avait que quatre ans et Farida deux. Mustafa Aarrass se remaria quelques années plus tard et eut ses trois derniers enfants, deux garçons et une fille. Il est toujours le conjoint de sa troisième épouse. Quant à la mère d’Ali, Toucha, elle se remaria également et eut une fille, Malika. Ali a donc vécu avec sa maman et ses deux sœurs, Farida, née en 1965, et Malika, née en 1977. Tous les trois sont nés et ont d’abord grandi à Melilla.

Ali est arrivé en Belgique en 1977, à l’âge de 15 ans et y est resté jusqu’en 2005, il avait alors 43 ans. Ali avait suivi l’enseignement primaire à Melilla en langue espagnole et, une fois en Belgique, il suivit des cours de langue française mais ne poursuivit pas sa scolarité. L’école et lui ça faisait deux. En fait, s’il abandonne ses études très tôt pour se mettre au boulot, c’est surtout parce qu’il trouve inconcevable que sa mère doive travailler seule pour subvenir aux besoins de ces enfants, pendant que ceux-ci sont à l’école. Il disait : « C’est injuste de la laisser travailler, c’est dur et elle a suffisamment souffert dans la vie, je m’efforcerai de travailler et lorsqu’elle verra que j’assume et qu’avec ce que je gagnerai je subviendrai aux besoins de la famille, j’insisterai pour qu’elle cesse de travailler et l’obligerai à se reposer ».

Ali est un autodidacte, tout ce qu’il connaît, il l’a appris sur le terrain, en faisant son expérience partout où il a travaillé. Il a commencé par un travail pénible pour un jeune de son âge, un travail qui consistait à désosser la viande à la chaîne, dans une usine. Il avait alors 17 ans. Même si ce boulot était pénible et ses collègues difficiles, Ali évitait toujours de raconter à sa mère les mésaventures qu’il endurait. Il la ménageait, la protégeait du mieux qu’il le pouvait. Il ne confiait qu’à sa sœur Farida les disputes et provocations incessantes venant d’ouvriers plus âgés que lui, les coups qu’il ramassait, les scènes d’intimidation, les perpétuels propos racistes dont il était victime et qui restaient systématiquement impunis.

Lorsque Farida lui demandait pourquoi il supportait tout cela sans se confier à leur mère, il lui répondait que, s’il n’en parlait qu’à elle, c’était justement pour alléger son fardeau sans devoir s’en remettre à sa mère et lui causer soucis et inquiétudes.
D’ailleurs il sommait sa sœur de ne rien dévoiler des difficultés qu’il endurait sur le lieu de travail. Ali finit naturellement par être licencié, le jour où, ne supportant plus les insultes que lui assénait un ouvrier, il lui envoya un coup de poing.
Plus tard, il se lança dans le métier de commerçant ambulant, sur les marchés, puis il s’installa comme indépendant. Il ouvrit une librairie-papeterie, dont l’enseigne affichait « Nour », ce qui signifie « Lumière ».

En 1986, il se maria avec Houria El Ouazguari. Il avait alors 24 ans, et en 1989 il acquit la nationalité belge. Il débuta son service militaire quatre ans plus tard, à Spa dans la province de Liège, service qu’il poursuivit à l’OTAN durant douze mois.
À cette époque, Ali était déjà un homme grand, à la stature athlétique (1m89 pour 90 kg) car il était très sportif. Il a toujours eu un regard doux et gentil, tout en gardant cette imposante présence de boxeur. On ne pouvait que se sentir en sécurité en sa compagnie. Fort de caractère, voire têtu, il ne se laissait pas facilement convaincre ou influencer car il a ses idées bien à lui. Il restait cependant toujours très sensible quand il s’agissait de venir en aide aux nécessiteux, aux femmes divorcées ou veuves avec enfants. En fait, il se sentait responsable de toute personne qui sollicitait son aide. Quand il pouvait se rendre utile, il n’hésitait jamais. Extrêmement généreux, au point de se priver lui-même.

Pour illustrer ces traits de caractère, un exemple parmi tant d’autres : dans sa papeterie, il organisait des rentrées des classes spectaculaires, car il préférait baisser les prix au maximum afin de contenter tous les enfants du quartier. Cela exigeait forcément qu’il se fournisse à un rythme plus rapide et donc au final plus de fatigue… Pour les femmes veuves ou seules avec des enfants, il s’arrangeait pour accorder la gratuité, ou du moins les prix les plus bas possibles. En fait, à chaque rentrée scolaire, il se fatiguait tant que sa mère n’avait de cesse de lui dire : « Je me demande pourquoi tu as un magasin mon fils, tu n’as jamais mis un sou de coté ». Il lui répondait alors : « Tu sais maman, je ne vise aucune demeure dans ce bas-monde, j’espère avoir une petite place au Paradis, là où la vie est éternelle, et ce n’est qu’en faisant le bien que j’y parviendrai incha Allah ». C’est ainsi qu’Ali pensait et agissait…

Ali découvrit la religion peu avant le mariage, mais il ne se mit à la pratiquer que plus tard. En effet, suite au déménagement de la famille, ils habitaient désormais à proximité d’une mosquée. Ali commença à s’y rendre régulièrement et à rencontrer des personnes qui lui apportèrent leur savoir en matière de religion.

Ali détestait la « politique » au sens classique, et refusait de débattre à ce sujet, avec qui que ce soit. Par contre, pour ce qui est de se révolter contre les injustices dans le monde, il a toujours été bien présent !

Il avait besoin de ça pour vivre, et il le partageait avec sa famille, qu’il conseillait régulièrement en se basant sur des récits prophétiques. Il se comportait comme un père protecteur…

Ali détestait la « politique » au sens classique, et refusait de débattre à ce sujet, avec qui que ce soit. Par contre, pour ce qui est de se révolter contre les injustices dans le monde, il a toujours été bien présent !

En 1982, l’époque où, selon les dires de la justice marocaine, Ali aurait été un membre du Mouvement des Moudjahidines du Maroc, Ali avait à peine 20 ans. Il passait son temps à s’occuper de sa mère et de ses deux petites sœurs, « les femmes de ma vie » comme il aimait à dire. À cette époque, il venait de perdre son travail et il occupait son temps libre à faire les courses, le ménage, la cuisine, les paperasses. Il s’occupait de tout, pendant que sa mère travaillait et que ses sœurs allaient à l’école. Sa sœur Malika se souvient : « Je me rappelle qu’Ali coiffait mes longs cheveux avant de m’amener à l’école, qu’il m’amenait au parc, à l’Atomium. Je me souviens de ses bonnes soupes lorsqu’on rentrait à midi, mais je me rappelle surtout de la protection dont il m’entourait. Si je lui disais qu’un enfant avait été méchant avec moi, Ali s’approchait de l’enfant en question, et comme il était grand et baraqué, l’enfant prenait peur et ne m’embêtait plus ».

Ali n’a jamais eu de problèmes avec la justice ou la police belge lorsqu’il était en Belgique. En 2005 il décida, en compagnie de son épouse Houria, d’aller vivre à Melilla. Il adorait son père, sa ville natale, le climat agréable et l’ambiance qui y régnaient… En 2005, il ouvrit une cafeteria, qui servait des petits déjeuners, des pâtisseries, des sandwichs, etc.… Lorsqu’il finit de rembourser les prêts qui lui ont permis de démarrer cette affaire, il dut arrêter car l’endroit n’était pas suffisamment fréquenté. Un peu plus tard, l’un des frères du premier mariage de son père, qui travaillait comme chauffeur de camion, perdit la vue à cause du diabète, dont il souffrait depuis de longues années. Ali lui proposa alors de reprendre l’affaire et de partager les bénéfices en deux. Il travaillait ainsi pour deux familles. Et ce jusqu’à ce fameux jour… celui de sa première détention.

Ali Aarrass est soupçonné d’être un djihadiste proche d’Abdelkader Belliraj

Le 3 novembre 2006 : Ali Aarrass est arrêté pour la première fois à Melilla

Le 1 avril 2008 : Ali Aarrass est arrêté pour la seconde fois à Melilla et est emprisonné

Le 16 mars 2009 : Baltazar Garzon prononce un non-lieu dans le dossier Aarrass

Le 26 novembre : le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU suspend l’extradition d’Ali Aarrass

Le 14 décembre 2010 : Ali est extradé vers le Maroc

Le 24 novembre 2011 : Ali Aarrass a été condamné à 15 ans en première instance au tribunal de Salé au Maroc

Le 2 octobre 2011, Ali Aarrass est condamné, en appel, à 12 ans de prison ferme

3 Comments

  1. […] Ali Aarrass, a 50-year old bookseller from Brussels, was born in the Spanish enclave of Melilla in North Africa in 1962. He moved to Belgium in 1977, aged 15, and obtained Belgian nationality in 1989. He was not involved in any political or religious organisations. In 2005, he returned to Melilla with his family where he ran a café. Suspected of involvement in bombings in Casablanca in 2003, he was arrested for the first time in Melilla in 2006. Released on bail after four days, he was arrested again in April 2008, when the Moroccan authorities requested his extradition on charges of terrorism involvement. He was held in custody in various Spanish jails until he was extradited on 14 December 2010. Following a thorough two-year investigation, in March 2009, Judge Baltazar Garzon, formerly one of Europe’s strictest anti-terrorism judges, found that there were insufficient grounds to implicate him in the attacks. Spain nonetheless acquiesced to the extradition request. Upon arrival, he promptly “disappeared” for 12 days during which he “confessed”; he maintains that he was tortured. This resulted in his conviction in November 2011 on charges of bringing weapons into Morocco and supporting a terrorist network, allegedly run by another Belgian-Moroccan, Abdelkader Belliraj, who was given a life sentence in 2009. […]

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