Ali Aarrass, une première avancée significative
Ce samedi 10 août, dans Marianne Belgique, paraîtra une lettre ouverte à l’attention du Ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders. En compagnie de nombreux autres parlementaires de différentes sensibilités politiques, j’ai bien évidemment cosigné cette lettre, cet appel à l’aide d’un ressortissant belge, Ali Aarrass, détenu depuis trois ans dans une prison marocaine.
La situation d’Ali Aarrass et ses conditions de détention sont des plus préoccupantes. Alors qu’il a bénéficié en 2010 d’un non-lieu par la justice espagnole, il a été extradé au Maroc avec la complicité de l’Espagne. Il purge une peine de douze ans de prison pour terrorisme et détention d’armes alors que tout indique que ses aveux ont été obtenus sous la torture. Ali Aarrass n’a donc pas bénéficié d’un procès équitable.
Se plaignant de conditions de détention inhumaines et de privation de ses objets personnels, notre compatriote est entré, le 10 juillet, dans une grève de la faim, et même de la soif. Il est heureux d’apprendre qu’Ali Aarrass a mis un terme à sa grève ce mercredi 7 août, une fois toutes ses revendications rencontrées.
La deuxième demande à l’égard du Ministre des Affaires étrangères consistait à activer une assistance consulaire. Nous n’y sommes pas encore, mais le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) a noué le dialogue. Le CNDH veille à garantir ses droits de détenu.
C’est un grand soulagement ! Je me joins à la joie de ses proches, et de sa soeur Farida Aarrass en particulier. Le combat pour sa libération est loin d’être fini, mais satisfaisons-nous pour l’heure de ces avancées significatives.
Ci-dessous la lettre ouverte, publiée dans l’hebdomadaire Marianne Belgique, adressée au Ministre des Affaires étrangères.
Monsieur le Ministre,
Vous n’êtes pas sans savoir qu’Ali Aarrass, un citoyen belge possédant également la nationalité marocaine, est actuellement détenu à la prison de Salé, au Maroc, suite à un procès inéquitable où il s’est vu condamné, sur la seule base de ses propres aveux, à douze ans de réclusion pour faits de terrorisme. Pourtant, le juge d’instruction espagnol Baltasar Garzon avait déjà mené une longue enquête sur ces faits, laquelle avait abouti à un non-lieu.
Il est aujourd’hui établi que les aveux d’Ali Aarrass ont été obtenus sous la torture. En effet, en septembre dernier, le rapporteur spécial de l’ONU contre la torture, Juan Mendez, l’a rencontré en prison et l’a fait examiner par le médecin légiste qui l’accompagnait. Dans son rapport datant du 4 décembre 2012, Monsieur Juan Mendez fait état de traces physiques résultant d’actes de torture constatées sur le détenu (brûlures de cigarette, électrochocs aux testicules, coups assénés à la plante des pieds, etc.).
Monsieur le Ministre, vous vous êtes, par le passé, référé à la Convention de La Haye du 12 avril 1930 pour ne pas intervenir dans le dossier « Ali Aarrass ». Cette convention stipule en effet qu’un Etat s’abstient de toute intervention en faveur d’un de ses nationaux en difficulté dans un pays dont il serait aussi un national. Or, il apparaît que le Maroc n’est pas signataire de cette convention. La Belgique n’est donc nullement tenue de la respecter dans son cas précis.
Depuis le 10 juillet, Ali Aarrass est en grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements dont il est victime à la prison de Salé. Sa vie est donc en danger. En conséquence, nous, parlementaires belges, vous demandons solennellement de prendre contact avec les autorités marocaines à son sujet et d’activer enfin l’assistance consulaire dont Monsieur Aarrass n’a jamais pu bénéficier et à laquelle il a pourtant droit, au même titre que n’importe quel ressortissant belge en difficulté à l’étranger.
Si vous voulez en savoir plus sur Ali Aarrass et soutenir son combat, visitez le site de soutien suivant.