Publié le : 22 juin 2011
La coordination des familles du reste des détenus politiques dans l’affaire Bellirej observe, ce mercredi à Rabat, un sit-in. Objectif : suspendre l’isolement des détenus et autoriser les visites de leurs familles.
Le C’est aujourd’hui à 18h que les familles des détenus politiques dans le cadre de l’affaire Bellirej observent un sit-in devant le siège du Parlement. Décrété par la coordination de ces familles, ce mouvement de protestation, qui ne devrait durer que 30 minutes, se veut être un appel au secours. «Nous voulons dénoncer et appeler à la suspension de la punition collective dont les détenus font l’objet en ce moment», déclare au Soir échos la coordinatrice nationale, Samira Erramach.
Les épouses et les enfants de ces détenus, une vingtaine, sont restés sans nouvelles depuis le 18 mai dernier. Suite à la mutinerie survenue dans le pénitencier de Salé, ces détenus ont été transférés à la prison de «Toulal 2» à Meknès.
«Nous ne sommes pas des salafistes»
«Ils n’ont pas participé, d’une manière ou d’une autre, à ces actes de violences et pourtant, ils ont subi le même sort que les réels instigateurs. Les responsables ont prétexté que ce transfert n’était, en fait, qu’une procédure temporaire parce que la prison de Salé a subi de gros dégâts», explique la coordination des familles. Et de souligner sa surprise de constater que les leurs n’ont pas été épargnés du châtiment imposé aux détenus de la Salafia Jihadia. «Ils ont été privés des visites de leurs familles pour une durée de 45 jours sans aucun motif. Leurs enfants souffrent terriblement de n’avoir même pas l’autorisation de voir leur père ne serait-ce qu’une heure par semaine», s’indigne la coordination dans une plainte adressée au délégué général de l’administration pénitentiaire.
Plusieurs autres responsables, dont le Premier ministre et le ministre de la Justice, ont été saisis par le même biais. «Nous avons également soumis notre plainte aux groupes parlementaires dont quelques uns ont soulevé notre problème, mais sans suite. Nous avons frappé à toutes les portes et nous attendons toujours des échos », confie, indignée, Samira Erramach.
Selon l’avocat des familles, Me Abdelmalek Zaazaa, qui est également vice-président du Forum Karama pour les droits de l’Homme, les détenus ont subi des actes de torture et de pressions pour les dissuader de poursuivre leur grève de la faim.
Dans un communiqué, cet avocat, qui a rendu visite aux détenus les 2 et 9 juin, décrit une souffrance effroyable : «Leur santé physique et morale laisse à désirer, ils n’ont aucun accès aux services d’hygiène (…) Ils n’ont droit qu’à un seul savon tous les 15 jours», indique Me Abdelmalek Zaazaa. Et de préciser que plusieurs ont été privés de soins et de médicaments mettant ainsi leur vie en danger. Pour cet avocat, «Il est inconcevable que dans le cadre du même dossier politique, certains soient libérés et pas d’autres. Ce cas n’est ni logique, ni légal!».?
Les détenus montent au créneau
Un comité national réunissant ONG, militants des droits de l’Homme et personnalités publiques a été constitué pour la libération du reste des détenus dans l’affaire Belliraj.
La coordination représentant les familles du reste des détenus dans l’affaire Belliraj s’est élargie pour devenir un vaste mouvement des droits de l’Homme. Il y a quelques jours, en effet, c’est un comité national qui a annoncé sa constitution pour réclamer « la libération des détenus politiques restants dans l’affaire Belliraj ». Réunissant des militants des droits de l’Homme, les membres de ce comité national se disent « convaincus de l’innocence » de ces prisonniers et prêts à ne ménager aucun effort « pour clore un des plus importants dossiers de violation des droits de l’Homme dans notre pays ».
Le comité rappelle que les événements attribués « à tort » aux détenus remontent au début des années 90.
Victimes avant tout ?
Affirmant, dans un communiqué, que le procès des personnes détenues était « politique » et dénué « des garanties les plus élémentaires requises par la loi marocaine et les conventions internationales des droits de l’Homme », le comité estime qu’elles sont d’abord victimes. Rien ne justifie, selon la même source, le maintien de leur détention puisque les cinq prisonniers politiques, qui ont été condamnés dans cette affaire ont été libérés alors que la peine d’un sixième arrive à son terme. « Le scénario de toute cette affaire est directement relié aux détenus libérés », rappelle le comité pour légitimer son indignation et sa détermination à mener des actions dont le contenu sera présenté le 18?octobre, à l’occasion d’une conférence.
Le comité accuse
Bien avant d’annoncer ses démarches protestataires, le comité déclare, dans son communiqué, sa conviction que le contenu de ce dossier contient « fabrication, falsification et fraude à l’encontre de tous les détenus ». Et de citer pour preuves, « l’enlèvement et la détention forcée des détenus avant toute charge, le refus d’autoriser les avocats à photocopier les dossiers et le refus du tribunal d’enquêter sur les cas de torture des détenus ». Le comité dit ainsi douter de la crédibilité des procès verbaux et accuse les autorités de «violation de la confidentialité de l’enquête ».
Par ailleurs, le comité rappelle que les événements attribués « à tort » aux détenus remontent au début des années 90. « Cette période a été couverte par l’expérience de l’Instance d’équité et de réconciliation (1956/1999), durant laquelle l’Etat lui-même a commis avec tous ses appareils répressifs des violations flagrantes des droits de l’Homme », rappelle-t-il.?
Le quotidien Assabah du vendredi 21/10/2011
La conférence de presse de la commission nationale pour la libération des détenus politiques non encore libérés dans le dossier Belliraj
Bin Amr : « Nous allons défendre le reste des détenus du dossier Belliraj ». Vendredi, 21 Octobre, 2011, 12:00. Le capitaine Abdul Rahman ibn Amr, l’un des membres du comité national pour la libération des prisonniers politiques dans le dossier Belliraj, a souligné sa détermination à continuer à défendre le reste des membres de la cellule jusqu’à leur libération.Lors d’une conférence de presse tenue avant-hier (mardi) à Rabat à l’occasion de la création du Comité national pour la libération du reste des détenus politiques dans le dossier Belliraj,Bin Amr a dit : »en tant que défenseurs des détenus, nous avons enregistré une série de violations dans ce dossier et comme nous l’avons toujours dit il s’agit d’un procès politique que toutes les indications confirment. ».Ibn Amr a mentionné la qualité des actes attribués aux détenus et aussi les circonstances dans lesquelles un groupe de politiciens a été arrêter. Il s’est interrogé sur les raisons de l’inaction des autorités au sujet de ce dossier qui est supposé exister depuis le début des années 90.Ce dernier mentionne un financement extérieur,alors qu’aucune trace de propriétés immobilières ou de comptes bancaires n’a été retrouvée chez les détenus. » Pour sa part, Mohamed Alnouhi, coordinateur du comité national,a exposé un ensemble d’étapes à entreprendre par le comité au cours de la période suivante, notant l’intention de la commission d’organiser une série de sit-in, tant devant le siège du ministère de la Justice que devant celui du conseil national pour les droits de l’homme, ainsi que devant le commissariat général du département des prisons et de la réinsertion.Il est également prévu d’organiser avec la participation des familles des détenus un convoi pour la prison de Toulal à Meknès où ces derniers ont été déportés depuis plus de six mois. À cet égard, As-sabaah a appris des familles des détenus que la majorité d’entre elles ne peuvaient plus assurer le voyage pour la visite hebdomadaire, en raison de la distance et des difficultés de la route. Les mêmes sources ont indiqué que les épouses des détenus ne pouvaient plus fournir les frais de déplacement et de nourriture, ce qui a incité certains à considérer «la formule de voyage en groupe », et de profiter de «repas collectifs ».Des familles rapportent aussi que leurs enfants n’ont pu intégrer leurs écoles cette année pour des raisons financières et d’autres psychologiques,d’oùles exigences du comité national d’accélérer la libération des détenus restants, considérant qu’il s’efforcera de fermer l’un des dossiers les plus importants de violations graves des droits de l’homme. Les membres du comité ajoutent que ce dossier comporte des fabrications de preuves et des falsifications de documents.Les détenus ont été sujet d’enlèvements et de détention arbitraire.. Le comité considère également que le procès de ces détenus est politique où sont absentes les garanties les plus élémentaires requises par la loi marocaine et les pactes internationaux des droits de l’homme.Il appelle à des mesures urgentes pour assurer la sécurité des détenus atteints de maladies graves.