Le journal de Farida – 18/06

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Rabat, 18 juin 2012 (01h20)

Salam! Paix à tous et toutes!

Désolée pour le retard les ami(e)s.
Je viens à vous pour vous mettre au parfum de cette journée qui fut l’une des plus pressurisés de ce procès sans fin.
Sarah (ma fille) et moi avons été rendre visite à Ali. Nous avons pu le voir durant une heure. De 12h à 13h.

Il nous attendait là souriant mais l’air inquiet pour ce qui allait se passer à l’audience prévue à 14h.

Nous avons pu lui passer tous vos messages et il vous répond toujours aussi chaudement!

« Remercie tout le monde sans oublier personne. Je suis entre quatre murs et me sens si impuissant de ne pas pouvoir faire quelque chose pour vous aider dans ce combat! J’aurais bien entrepris une grève de la faim pour protester contre le mutisme de la Belgique à mon égard, mais tu te fâches quand je te parle de grève de la faim.
Quand on m’apprend tout ce que vous entreprenez, tout ce que vous faites, que ce soit pour moi ou pour la cause qui touche de tas d’autres prisonniers arbitraires et horriblement opprimés, je ne peux qu’être fier de vous tous.
Au nom de tous ces humiliés, vous avez déclaré la guerre à ce système. Ce n’est pas n’importe qui qui oserait défier un tel régime ! Vous faites preuve d’un si grand courage que je ne peux que vous admirer dans mes plus profondes pensées.
Le chemin sera certes long mais si beau qu’il vaut la peine de s’y attarder. »

Ali m’a paru fatigué, un peu pâlot et même un peu triste.
Je devais lui poser une question cruciale de la part de l’un des avocats au sujet des séquelles, traces physique qui marquent encore son corps à l’heure actuelle.
Il a commencé à nous en parler tout en expliquant comment cela s’est passé…..
Puis à un moment donné, il a marqué un temps d’arrêt.
Ensuite il reprend en nous disant : « Il y a des traces qui ne me quittent pas ! Ce sont les séquelles psychiques »
J’ai constaté un regard qui ressemblait à celui d’un enfant apeuré !
Il n’arrive toujours pas à revenir sur la torture dont il a été victime, sans résister au besoin de pleurer. Il est donc très difficile de s’attarder à parler de ça.
J’ai observé attentivement ses yeux rougissant, son regard après qu’il ait essuyé ses larmes qui ont fait craquer ma fille et moi. Ce regard était très expressif et à la fois je me disais que vous auriez réagi comme Sarah et moi. Si vous aviez assisté à cette scène, je suis sure que nous aurions tous pleuré ensemble. Moment vraiment très dur, parce qu’il faut rapidement passer à autre chose et écraser le nœud qui nous étrangle au fond de la gorge.

Mais Ali est doué pour faire semblant que tout va bien. Il parle de patience en ajoutant avec un petit sourire : « De toutes façons je n’ai pas trop le choix ! ».

Aujourd’hui nous l’avons trouvé avec de l’herpès sur les mains et les bras. Il en fait souvent sauf qu’avant il pouvait très vite soigner ça.

A suivre…. Il est tard et je suis crevée ;-(