La Belgique « interdit » des T-Shirts Free Palestine, et reste indifférente à la torture d’un de ses citoyens.

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Au détour d’une action Boycott, Désinvestissement, Sanctions, le journaliste et écrivain David Cronin à découvert l’affaire Ali AARRASS. Il nous fait part de ses impressions.

 

La Belgique « interdit » des T-Shirts Free Palestine, et reste indifférente à la torture d’un de ses citoyens.

 J’ai vécu une expérience surréaliste ce dimanche 23 octobre.

 Pour la seconde fois consécutive, nous sommes entrés, en groupe de militant, dans une salle d’exposition sur le thème de l’alimentation, à Bruxelles. Nous voulions protester contre un stand faisant la promotion de SodaStream, une entreprise fabriquant des distributeurs de boissons et basée à Mishor Adumim. Mishor Adumim est une zone industrielle sous contrôle israélien, en Cisjordanie dans les Territoires palestiniens occupés. A peine commencions-nous à distribuer des tracts pour sensibiliser les visiteurs par rapport aux crimes de cette entreprise que la police arriva. Elle nous entoura un moment, avant de nous escorter à l’extérieur du bâtiment (pendant ce temps, nous chantions des slogans sur le thème de « Boycott, Israël ! »).

Un officier de police nous a ensuite expliqué que nous avions besoin d’une autorisation du bureau du bourgmestre pour arborer des T-Shirts portant l’inscription « Free Palestine » (et je vous jure que je n’invente rien !). Une jeune fille a alors pointé du doigt son T-Shirt, qui était légèrement différent et affichait « I Palestine ». Selon cet officier, cette inscription ne posait pas de problèmes car pouvant être considérée comme apolitique. Mais il maintenait que, dès l’instant où plusieurs personnes portaient en même temps le T-Shirt « Free Palestine », il leur fallait cette autorisation spéciale.

Après cette ahurissant échange, l’organisatrice de l’action BDS, Nadia, nous amena près d’un arrêt de tram où nous avons pu distribuer ce qui nous restait de tracts. Et c’est là que j’ai eu une conversation avec une militante qui s’appelle Farida, et qui me raconta l’histoire des grotesques violations des droits de l’Homme qu’a subi son frère, Ali.

Extradition vers le Maroc

Ali Aarrass, un citoyen belgo-marocain, a été extradé de l’Espagne vers le Maroc en décembre de l’année dernière, après avoir être été placé en détention depuis 2008. Il a été arrêté à Mellila, une enclave qui se trouve au nord du Maroc, et qui est sous contrôle de l’Espagne.

Les autorités espagnoles ont refusé de respecter l’appel du Comité des Droits de l’Homme de l’ONU, en novembre 2010, appel qui stipulait qu’il ne fallait pas procéder à l’extradition tant que le Comité n’avait pas examiné l’affaire. Amnesty International avait dénoncé le non-respect par l’Espagne de la Convention européenne des Droits de l’Homme, qui interdit de procéder à une extradition vers un état où le détenu risque de se faire torturer.

J’ai appelé Farida ce matin, et elle m’a affirmé que Ali a été torturé à plusieurs reprises depuis qu’il a été envoyé au Maroc. Les actes de tortures incluent des procédés tels que de pendre le détenu par les pieds et les mains. « Mon frère en est sorti profondément traumatisé », me dit Farida, ajoutant que lorsqu’un avocat est venu lui rendre visite, son frère s’est protégé instinctivement le visage à l’aide de ses mains, craignant qu’on ne le frappe à nouveau. « C’était réellement horrible ».

Aarrass soit comparaître à une audience du tribunal, ce jeudi 27 octobre. Il est accusé d’avoir fait parti d’un réseau dirigé par Abdelkader Belliraj, un autre Belgo-marocain qui a été condamné à la perpétuité en 2009, après avoir été accusé d’avoir planifié des actes terroristes. Le cas d’Ali Aarrass avait auparavant été examiné par la justice espagnole. Mais en mars 2009, le célèbre juge Baltazar Garzon avait clos le dossier, concluant en une absence de preuves.

Aucune aide de la Belgique

Malgré le fait qu’Ali a vécu la majeure partie de sa vie en Belgique, qu’il y a même effectué son service militaire, les autorités de son pays ont refusé de lui porter une aide. Farida avait contacté le ministère des Affaires étrangères lorsque Ali était encore détenu en Espagne. « Leurs excuses étaient ridicules », dit-elle. « Ils répondaient qu’ils ne pouvaient pas interférer dans la justice espagnole. Je leur ait répondu que je ne demander pas qu’ils fassent de l’ingérence, uniquement qu’ils aillent lui rendre visite et constater s’il était en bonne santé » (Ali a mené plusieurs grèves de la faim).

Aarrass a un enfant de six ans, qu’il n’a pas vu depuis quatre ans. Sa mère, qui vit aussi en Belgique, ne peut lui rendre visite que très rarement. Les efforts de ses proches pour obtenir qu’il puisse bénéficier d’un suivi médical indépendant ont été balayés par les autorités marocaines.

J’ai été impressionné par l’engagement de Farida en faveur des droits de l’homme. De même qu’elle tente de sensibiliser le public sur le cas de son frère, elle prend également part à des actions de soutien au Palestiniens et aux autres victimes de violations des droits humains.

Elle encourage vivement les gens de conscience d’envoyer une note de solidarité à son frère. L’adresse : Ali Aarrass, Prison de Salé II, Maroc.

David Cronin

Source : Electronic Intifada – http://electronicintifada.net/blog/david/belgium-bans-free-palestine-t-shirts-ignores-torture-its-citizen#.Trlky3GOjx4