Spanish Ambassador
Mr Carlos Casajuana
39 Chesham Place
London
SW1X 8SB
Votre Excellence,
Nous vous écrivons sur une question d’extrême urgence.
Nous aimerions vous exprimer notre préoccupation concernant l’extradition imminente, de l’Espagne vers le Maroc, d’Ali Aarrass, un citoyen belgo-marocain,.
Vous êtes sans aucun doute au courant que cette affaire fait l’objet d’une action urgente
d’Amnesty International (AI). En effet, suite à la décision du Conseil des ministres espagnol
du 19 novembre dernier d’approuver la demande d’extradition du Maroc, AI a lancé un appel disant qu’Ali Aarrass est en grand danger, qu’il risque d’être soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements, et d’être victime d’un procès inique.
Dans son Document EUR41/004/2010, Amnesty International souligne que la Cour pénale nationale espagnole a clos l’enquête contre Ali Aarrass en mars 2009 par manque de preuves. Dans ce document, AI stipule également qu’ Ali Aarrass est accusé par le gouvernement marocain de liaison avec un réseau terroriste, la «cellule Belliraj» et que nombre de personnes de cette cellule, arrêtées et jugées par la suite, auraient été torturées par les services de renseignement marocains (Direction de la Surveillance du Territoire) pendant leur détention incommunicado. Outre cela, les condamnations de ces hommes ont été marquées par des irrégularités dans la procédure judiciaire et par les plaintes non examinées sur la torture et d’autres mauvais traitements.
Nous aimerions ajouter quelques points aux questions déjà soulevées par Amnesty International.
L’Espagne a une réputation méritée d’être un défenseur des Droits de l’homme et a une connaissance approfondie du refus systématique par le Maroc de respecter les droits de l’homme. C’est ce qui rend la décision de l’Espagne d’extrader Ali Aarrass encore plus choquante. Le gouvernement espagnol, plus que tout autre gouvernement en Europe, a connaissance de la pratique courante de torture par les services de renseignement marocains.
Nous vous écrivons aussi sur base de notre propre connaissance de la pratique de le torture par le régime marocain. Et par souci d’éviter à l’Espagne le déshonneur que notre propre gouvernement a subi dans sa complicité avec ces pratiques. Parmi les signataires de notre lettre pour arrêter
l’extradition d’Ali Aarrass, se trouvent des avocats, qui ont défendu des détenus, victimes de torture. La complicité dont nos services de renseignement britanniques sont accusés dans la torture de Binyam Mohamed par les services marocains sera à jamais une honte pour notre pays. Il est maintenant de notoriété publique que, pendant dix-huit mois, les services marocains ont torturé Binyam Mohamed, en le coupant avec des rasoirs dans les parties les plus intimes de son corps, en le brûlant avec des liquides bouillants, en étirant ses membres, provoquant une souffrance inimaginable, et en le bombardant avec des sons assourdissants.
Comme déjà souligné, l’Espagne n’a retenu aucune preuve contre Ali Aarrass – un citoyen européen – concernant des accusations de terrorisme. Si l’Espagne disposait de nouvelles preuves, nous demandons au gouvernement espagnol de mettre fin à la détention administrative d’Ali Aarrass à Algeciras et à le traduire immédiatement devant la justice en Espagne, lui accordant ainsi les mêmes droits que tout autre citoyen européen.
Nous vous demandons de protéger l’honneur de l’Espagne – et d’éviter le risque de complicité avec la torture. Nous vous demandons d’intervenir pour éviter ce que nous pensons être une grave erreur de justice.
Sincèrement vôtres,
Jeremy Corbyn, MP
Jean Lambert, MEP
Baroness Sarah Ludford, MEP
Dr Diego Acosta Arcarazo (Lecturer in Law, University of Sheffield)
Dr. Penny Bernstock (University of East London)
BM Box 8784, London WC1N 3XX. Tel: 07879 687 390. Email: londonaliaarrass@gmail.com
Naima Bouteldja (Director, Red Rag Productions)
Tony Bunyan (Statewatch)
Gareth Dale (Senior Lecturer in Politics, Brunel University)
Liz Davies (barrister)
Nadine El-Enany (Lecturer in Law, Brunel University)
Liz Fekete (Head of European Research, Institute of Race Relations)
Nuno Ferreira (Lecturer in Law, School of Law, Univerisity of Manchester)
Dr Myria Georgiou (Department of Media and Communications, London School of Economics)
Adriana Giunta (PT Lecturer, Brunel Law School)
Anne Gray (Campaign Against Criminalising Communities)
Dr. Penny Green (Professor of Law and Criminology, Kings College London)
John Hendy (Queen’s Counsel)
Dr. Helen M. Hintjens (Senior Lecturer in Development and Social Justice, International Institute
of Social Studies (The Hague)
Ian Macdonald (Queen’s Counsel)
Saleh Mamon (Campaign Against Criminalising Communities)
Ali Fathollah-Nejad (Graduate Teaching Associate, School of Oriental and African Studies,
University of London)
Scott Poynting (Professor in Sociology, Manchester Metropolitan University)
Asim Qureshi (Executive Director, Cageprisoners)
Fizza Qureshi
Mr Mizanur Rahman (Inspire)
Robin Richardson (Director, Insted Consultancy)
Sadat Sayeed (barrister)
Estella Schmid (Campaign Against Criminalising Communities)
Dr Victoria Sentas (School of Law, King’s College London)
Frances Webber (immigration and human rights lawyer)
Dr Milly Williamson (Senior Lecturer in Film and Television, School of Arts, Brunel University)
Dr Alexandra Xanthaki (Reader in Law and Deputy Head (Programmes) Brunel Law School,
Brunel University)
Martha K. Huggins, Professor of Human Relations, Tulane University, USA
Professor Robert Wintemute, Professor of Human Rights Law, School of Law, Kings College, London