Sur le site : www.freedomfromtorture.org
L’invitée de notre blog est Frances Webber, avocate spécialisée dans les affaires relatives à l’immigration et aux droits de l’homme, au Royaume-Uni. Elle écrit ici à propos de son travail de sensibilisation au sein d’un groupe nommé « Les Amis d’Ali Aarrass », ce dernier étant un citoyen belgo-marocain, qui a été accusé au Maroc sur base de preuves dont il affirme qu’ils ont été obtenus sous la torture.
Le vendredi 16 décembre, le Comité de soutien à Londres des Amis d’Ali Aarrass va se rassembler devant l’ambassade du Maroc, où il va remettre une lettre de protestation à l’encontre de la condamnation du Belgo-marocain Ali Aarrass, après ce que ses avocats ont qualifié de « parodie de procès », et une condamnation qui s’est basée sur des preuves obtenues au moyen de la torture. Ali Aarrass a été extradé de l’Espagne vers le Maroc pour y être jugé, il y a de cela un an.
En tant qu’avocate dans les matières relatives aux droits de l’homme et à l’immigration, j’ai plaidé pour de nombreux cas de personnes ayant subi la torture, et bénéficié de l’expertise et de l’engagement des médecins de Freedom from Torture, sous la forme de rapports médico-légaux indépendants que j’ai utilisé afin de convaincre des juges de l’immigration, et ce, à plus d’occasions que je ne pourrais m’en rappeler. Ce travail est solide, pratique et fait vraiment la différence.
Dans un foyer, lorsqu’un proche part vers la détention puis vers la torture, on vit une situation terriblement difficile, et il paraît à première vue impossible de faire quelque chose. Mais la médiatisation et les pressions sur le gouvernement peuvent aussi contribuer à faire une réelle différence par rapport à la manière dont sera traitée cette personne.
Je me suis impliquée dans l’affaire Ali Aarrass grâce à des amis en Belgique et au Maroc. Au départ, on a fait campagne contre son extradition de l’Espagne vers le Maroc, puisque les faits qui lui étaient reprochés avaient fait l’objet d’une enquête minutieuse du juge Baltasar Garzon (le juge qui a déposé une requête pour l’extradition du Royaume-Uni de l’ancien dictateur chilien Pinochet, en 1999), qui n’a trouvé aucun élément de preuve à charge d’Ali Aarrass. Mais l’extradition a tout de même eu lieu, et ce malgré l’avis du Comité des Droits de l’Homme de l’ONU, avis qui demandait de ne pas extrader Ali Aarrass tant que le Comité étudiait l’affaire.
Une fois au Maroc, Ali Aarrass a été détenu au secret pendant deux semaines, et affirme avoir été sévèrement torturé. A ce jour, ces plaines n’ont jamais fait l’objet d’une enquête.
Au lieu de cela, et après avoir attendu l’issue du procès pendant un an, Ali Aarrass est finalement apparu devant trois juges de le Tribunal de Rabat à Salé, le 24 novembre 2011. A la fin de la journée, il a été accusé et condamné à 15 ans de prison pour des chefs d’accusation liés au terrorisme, et ce uniquement sur base de preuve arrachés par la torture. Les juges (qui sont obligés, vu le droit international, de rejeter les accusations de torture) ont mis à peine une heure pour balayer les arguments juridiques de la défense.
A l’heure où Ali Aarrass a été jugé uniquement sur base d’aveux arrachés par la torture, et accusé à 15 années d’emprisonnement, la campagne de soutien ne prend que plus d’importance. Sans cela, Ali Aarrass restera à croupir dans une cellule marocaine. Tant qu’il y aura des opportunités de faire réagir le gouvernement par des pressions de la part des organismes pour les droits humains ou par des individus qui refusent de laisser la pratique de la torture être tolérée, nous nous devons de maintenir la pression. La défense d’Ali est en train de travailler à faire appel de la condamnation, ainsi que, par ailleurs, à la saisine du Comité de l’ONU contre la torture et le Comité des Droits de l’Homme.
Ce vendredi 16 décembre, les rassemblements de protestation auront lieu à Londres, Paris et Bruxelles. Joignez le mouvement devant l’ambassade du Maroc à Londres, à 11h ce vendredi, au 48 Queen’s Gate Gardens.
Pour plus d’informations à propos de ce mouvement envoyer un e-mail à : londonaliaarrass@gmail.com
Pour plus d’informations sur l’extradition de Ali Aarrass et le traitement subi au Maroc, allez sur le site www.freeali.be