« En 2013, libérons Ali Aarrass ! » : le message de la Campagne Free Ali Aarrass pour une nouvelle année de lutte

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Cliquez ici : Signez la pétition : Libérez Ali Aarrass

Luk Vervaet et Farida Aarrass.

Le 13 janvier à Molenbeek (Bruxelles), un « Goûter pour Ali Aarrass » a rassemblé plus de cent personnes. Un bon début pour une nouvelle année de lutte. Voici notre bilan de la campagne pour la libération d’Ali, menée en 2012, et les perspectives pour 2013.

« Le 11 janvier 2013, aux États-Unis, on célébrait le 11ème anniversaire de l’ouverture de la base de Guantanamo, devenue par la suite la prison la plus controversée au monde. Déjà en juillet 2004, des inspecteurs de la Croix Rouge accusaient les militaires américains de Guantanamo d’y commettre « d’actes d’humiliation, d’enfermement en isolement, d’exposition à des températures extrêmes, d’usage de positions insoutenables ». En mai 2005, Amnesty International a surnommé Guantanamo le « Goulag des temps modernes ». Au cours des années, 600 des 800 cents présumés terroristes qui y ont été détenus, la plupart arrêtés, achetés ou kidnappés après l’attaque américaine contre l’Afghanistan, ont été relachés sans inculpation, ni procès. Malgré les promesses d’Obama de fermer cette prison, située géographiquement hors du territoire des États-Unis, et, en conséquence, hors de toutes les règles de droit et normes existantes, elle est toujours ouverte : Guantanamo détient aujourd’hui toujours 166 détenus.

 Si nous vous parlons de Guantanamo, ce n’est pas pour vous démontrer une nouvelle fois le caractère impitoyable du monde occidental d’aujourd’hui. Ni pour vous rappeller que l’existence de Guantanamo est un scandale juridique, politique et moral au niveau international.

Aujourd’hui, tout le monde le sait.

Nous vous parlons de Guantanamo pour rendre hommage à cette poignée de détenus, d’avocats, de journalistes et d’activistes qui ont osé commencer, il y a onze ans, le combat contre l’existence de cette prison. Ils n’étaient pas plus nombreux que le nombre d’activistes qui se mobilisent aujourd’hui pour Ali Aarrass. Cette petite minorité s’est vue menacer et traiter de tous les noms : d’être des « traîtres » jusqu’à des « sympathisants ou des associés de terroristes ». Elle a dû se battre contre une opinion publique et des médias, qui étaient en faveur de l’utilisation de la torture dans les affaires, dites terroristes. Ils ont dû combattre une indifférence totale par rapport à la situation de ces détenus, qui, dans l’opinion publique, ne subissaient ce qu’ils méritaient. Bien qu’ils n’étaient qu’une minorité, ils ne se sont pas isolés ou retranchés. Ils sont restés ouverts au monde. Ils ont continué à rechercher des nouvelles voies pour faire passer leur message. Ils ont réussi à créer des liens de soutien parmi des tendances politiques et sociales des plus diverse, au sein de certains médias et parmi l’opinion publique.

C’est grâce à cette minorité que le scandale de Guantanamo a éclaté, que ce qui était caché et nié a vu le jour, que des détenus ont été libérés et que Guantanamo restera pour toujours une tâche sur le drapeau américain. Cette minorité qui s’est battu et se bat toujours contre Guantanamo, est une source d’inspiration pour notre lutte contre les Guantanamos marocains et la complicité belge.

 2012

 A notre petite échelle, c’est grâce à la ténacité d’Ali Aarrass et de sa famille, grâce à une campagne de solidarité internationale soutenue par des dizaines de volontaires anonymes et un travail juridique sans relâche que l’affaire d’Ali Aarrass est devenue un symbole. Un symbole contre la torture et contre les procès inéquitables au Maroc. Symbole contre les arrestations arbitraires et les extraditions illégales. Symbole contre une complicité internationale entre les états marocain, espagnol et belge. Et, en Belgique en particulier, Ali Aarrass est devenu un symbole contre les discriminations et le racisme d’état, liés à la double nationalité.

 Qu’avons-nous réalisé en 2012 ?

D’abord, il y a eu le travail juridique sans relâche du Cabinet Juscogens avec Maitres Cohen, Marchand et Alamat à Bruxelles et Maitres Dadsi et Jallal au Maroc. Leurs plaidoiries devant le tribunal, leurs communiqués de presse, leur présence et leurs appels sans arrêt aux autorités marocaines et aux organisations internationales concernant la situation d’Ali Aarrass ont suscité une admiration internationale.

En janvier 2012, seize parlementaires, issus du PS, d’Ecolo, du cdH, du FDF, de Groen et du sp.a, ont signé une lettre au ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR), pour demander une intervention urgente de la Belgique auprès des autorités marocaines pour Ali Aarrass. Parmi les seize parlementaires figuraient Olivier Maingain (FDF), Nadia El Yousfi, Jamal Ikazban et Patrick Moriau (PS), Zoé Genot, Zakia Khattabi, Céline Delforge et Juliette Boulet (Ecolo), Ahmed El Khannouss et Mahinur Özdemir (cdH), Bert Anciaux (sp.a) et Eva Brems (Groen). Ils demandaient « que les autorités marocaines s’expliquent sur les nombreuses infractions contre les droits de l’Homme commises dans cette affaire, soulevées et dénoncées par de nombreuses organisations internationales« .

Lancée comme pétition en décembre 2011, c’est en mars 2012 que dix-huit parlementaires britanniques, tous partis confondus, demandent dans une pétition au gouvernement britannique d’intervenir pour Ali Aarrass et de se joindre aux organisations contre la torture dans leur demande de faire justice à Ali Aarrass. Le rôle du parlementaire Jeremy Corbyn qui a au moins adressé trois lettres en 2012 à l’ambassadrice marocaine Laila Joumala Alaoui doit être souligné.

En mars 2012, le ministre Reynders doit répondre à une nouvelle interpellation de Zoé Genot (Ecolo). Après avoir répété, comme son prédécesseur Van Ackere, que la Belgique n’a « aucunement l’intention d’intervenir pour un Belgo-Marocain au Maroc », ni de « l’assurer quelconque protection consulaire », il n’exclut toutefois pas « d’en parler avec son homologue marocain ».

En avril, mai et juin, des délégations de solidarité partent de la Belgique et de Melilla à Rabat pour participer aux procès en appel.

Le secteur artistique aussi se mobilise pour Ali Aarrass pendant l’année 2012.

En mai, Nicolas Ingargiola lance une campagne internationale de photos.

Quelques centaines de personnes – de la Mecque à Melilla, de Tunis à Casablanca, de Bruxelles à Gaza – se font photographier avec le texte « Free Ali Aarrass now ». C’est un déferlement sur le net de mots d’encouragement, de sympathie et un appel à sa libération immédiate!

En juin, le cinéaste Mohamed Ouachen lance son nouveau film documentaire « ‎Ali Aarrass pour l’exemple » lors d’une première à l’Espace Magh à Bruxelles. Une dizaine d’artistes y participent, quelques centaines de personnes remplissent la salle. Le film sera ensuite montré au Festival du Cinéma méditerranéen. Duo créée à l’occasion du lancement du film, les Dalidettes réalisent un clip pour Ali Aarrass : « Laissez-le rentrer ». Le groupe Hydra enregistre son morceau : « Ali Aarrass est innocent ». Le rappeur Sefyu soutient Ali Aarrass. Le poète el Kalam écrit le poème : « Ce cri est devenu sacré : « Libéréz Ali Aarrass ! »

Au mois d’août, pendant le mois du Ramadan, Farida Aarrass, avec une équipe de jeunes volontaires, organise une rupture du jeûne « Ftor pour Ali Aarrass » en soutien à la campagne Free Ali. Quelques centaines de personnes participent.

En septembre 2012, Juan Mendez, le rapporteur spécial sur la torture de l’ONU rencontre Ali Aarrass à la prison de Salé I.

Le 24 septembre 2012, la plus grande délégation internationale depuis le début de la campagne, composée d’une quarantaine de Belges, d’Anglais, d’Espagnols et de Français et des journalistes britanniques et néerlandais se rend à Rabat pour la dernière audience dans le procès en appel d’Ali Aarrass. Parmi eux : la professeure Penny Green de Londres, l’ex-sénatrice française et parlementaire européenne Alima Boumédienne, Maitre Marc Nève, membre et ancien vice président du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (Conseil de l’Europe). La délégation organise une conférence de presse avec l’AMDH (l’Association marocaine des Droits Humains) à Rabat et un sit-in devant la prison et le tribunal.

Le verdict en appel tombe le 1 octobre 2012 : 12 ans de prison, une diminution de trois ans par rapport au jugement en premier instance. Suite à ce verdict, les avocats d’Ali Aarrass publient un communiqué : « Le Maroc poursuit sur le chemin de la honte ». A Londres, l’organisation State Crime Initiative publie : « State crime and the War on Terror: the trial of Ali Aarrass ». A Bruxelles, fin octobre, nous participons à la Journée mondiale contre l’injustice, l’arbitraire et la torture au Maroc avec une manifestation devant le consulat du Maroc.

En novembre, Farida Aarrass parle au 13ème festival d’Attac lors du film sur « Abdelkrim ou la guerre du Rif » de Daniel Cling, suivi d’un débat « Maroc : La lutte continue.. ! »

A partir de décembre 2012, les autorités marocaines, sous la pression, cèdent enfin à la demande à l’aide médicale d’Ali Aarrass. Ali Aarrass est examiné par des médecins pour ces problèmes physiques et psychologiques, dus à la torture et l’enfermement prolongé.

En décembre 2012, en Belgique, différentes familles de détenus belgo-marocains au Maroc joignent leurs forces. Elles décident d’organiser une manifestation mensuelle, chaque premier dimanche, autour du monument à l’honneur de l’immigration marocaine en Belgique.

2013

Quand nous parcourons cette liste d’activités et d’actions en 2012, nous en tirons deux conclusions pour 2013.

D’abord, au niveau judiciaire et au niveau de la campagne, il nous faut continuer le combat dans le même sens, avec la même conviction, avec la même énergie. Ce combat juridique et militant restera la base de la campagne pour faire libérer Ali Aarrass.

 Voici les 4 activités qui s’annoncent pour les mois à venir.

A partir de février 2013, le film de Mohamed Ouachen « Ali Aarrass pour l’exemple », sera disponible, parlé français, sous-titré en anglais. Ce DVD sera notre nouveau livre. Il sera notre principal moyen de communication pour faire connaître l’affaire d’Ali Aarrass autour de nous. 1000 exemplaires de ce DVD attendent à être diffusés. Ce DVD sera notre première source pour payer les frais du procès et de la détention. La somme entière de la vente du DVD sera versée dans la caisse de la Campagne Free Ali Aarrass.

Le lundi 1 avril 2013, cela fera jour pour jour 5 ans qu’Ali Aarrass a été arrêté et incarcéré. Nous organiserons un grand événement à l’occasion de ce 5ème anniversaire pendant le week-end du 29 au 30 mars.

Le dimanche 26 mai 2013, auront lieu les 20 km de Bruxelles. La campagne Ali Aarrass y participera pour Ali en portant le t-shirt avec sa photo. Soyons au rendez-vous le 26 mai, et courons tous ensemble côtes à côtes dans les rues de Bxl pour Ali Aarrass ! Les inscriptions débutent le samedi 23 mars à 9h.

Enfin, chaque premier dimanche du mois de 12 à 14 heures, nous invitons les sympathisants d’Ali Aarrass à rejoindre le rassemblement mensuel des Familles des détenus européens dans les prisons marocaines (Boulevard Stalingrad, monument La Passionaria).

Rectifier notre point faible : le soutien politique de la Belgique.

La parlementaire Zoé Genot (Ecolo) a fait plusieurs interpellations au parlement. 16 autres parlementaires ont signé une lettre au Ministre. C’est un bon début. Mais nous nous réalisons aussi que notre point faible reste le silence du monde politique belge. Notre point faible, c’est le refus systématique du gouvernement et des parlements belges de faire quoi que ce soit pour Ali, de lui venir en aide, de réclamer justice pour leur citoyen. Faisons de sorte que l’affaire Ali Aarrass devienne une affaire d’état. En 2013, rassemblons un soutien aussi large que possible autour de l’affaire Ali Aarrass pour obliger le parlement et gouvernement à changer d’attitude et de bouger.

Commençons par les conseils communaux. Introduisons une motion de soutien à Ali Aarrass à l’occasion du cinquième anniversaire de la détention d’Ali Aarrass au sein des conseils communaux. Et, tout le long de l’année 2013, interpellons chaque candidat de chaque parti qui veut se présenter pour les élections en 2014. A nous de faire du sort d’Ali Aarrass un enjeu politique, dont tous les partis et tous les candidats devront tenir compte aux élections de 2014.

Notre combat est juste.

Nous vaincrons ! »

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