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ACTIONS - page 39

Un Belgo-Marocain témoigne : « Invalide à plus de 80 % et torturé avec un cable électronique par la police marocaine»

dans ACTIONS/DOUBLE NATIONALITE/LA PRISON AU MAROC par
La Belgique et le Maroc : une coöpération de plus en plus forte..

« En date du 18 août 2011, moi, Aboubakr Khoumeili, voyageur, le chauffeur belge de car et le patron de la société de car à BXL, sommes arrivés en avion, en provenance de Bruxelles National, à Tanger.

Le lendemain, nous avons quitté tous les trois, Tanger ville en car direction la douane Maroc-Espagne (Ceuta). Arrivés à la douane, le patron du car, quitte le véhicule et nous demande de le faire avancer de 200m, jusqu’au contrôle de la police des douanes. A partir ce moment, nous n’avons plus jamais vu le patron. Après 3 heures de fouille, la police découvre que les papiers du véhicule sont faux, ainsi que la plaque d’immatriculation et, le plus important, une cachette vide a été trouvée sous le plancher du car.

Nous avons été emmenés au commissariat de police de Tetouan, afin d’y être auditionnés par la police.

Moi, Aboubakr, j’ai été torturé très violement avec un cable électrique. Lorsque j’ai été torturé, la police marocaine, n’a même pas pris conscience, que je suis invalide à plus de 80 %. Mais où est donc le respect des ‘Droits de l’Homme’ ? Voilà comment la Justice marocaine pratique honteusement ses abus de pouvoir. La police nous a forcé à signer notre procès verbal, rédigé en arabe, sans interprète, alors que nous ne savons ni lire, ni écrire l’arabe.

Nous avons été retenus, 72h en garde à vue. Ensuite, nous avons comparu devant le Juge d’instruction, qui nous a libéré 3 minutes après en nous disant qu’on devait se représenter devant lui, le 20 septembre.

A cette date nous nous représentons. Un traducteur était enfin présent. On nous accuse alors, de trafiquant de faux papiers, de fausses plaques et de trafic de drogue. Alors qu’il n’ y avait aucune drogue dans le car. Les avocats nous informent qu’ils vont demander une remise de nos passeports.

Détail important : lorsque je suis arrivé dans le hall d’attente du Tribunal, un avocat s’est dirigé vers moi, en me disant : « Bonjour monsieur, je suis votre avocat ». Je lui ai alors posé la question :  » mais par qui êtes-vous envoyé ? », il m’a répondu : « par le Consul de Belgique ». Après mon passage devant le Juge, l’avocat m’a demandé de le suivre dans son bureau, afin de discuter. Lors de notre conversation, l’avocat a demandé 3000 euros, pour ses honoraires. Il a insisté pour que ma famille les verse via Western Union. Il m’a même présenté son GSM, afin que j’appelle ma famille devant lui. Le lendemain lorsque je me suis rendu au Consulat de Belgique, j’ai parlé personnellement avec le Consul, qui m’a bien certifié, que jamais le Consulat n’envoyait un avocat afin de défendre un citoyen belge. Quelle arnaque!

En date du 6 octobre, le Procureur exige notre emprisonnement. L’avocat m’informe de cette nouvelle par téléphone, en me disant que nous devons nous rendre à la police, afin qu’elle nous conduise en prison. Nous n’avons jamais reçu de convocation écrite. Le 27 octobre, nous décidons de prendre un autre avocat, qui nous certifie que nous allons récupérer nos passeports pour le 1 décembre. A cette date, il nous informe que la décision finale est reportée au 18 décembre. Le 18 l’avocat nous informe que la justice veut toujours notre emprisonnement. Sur le rapport de la décision finale, il a été rajouté qu’il y avait de la drogue dans le car, argument erroné afin d’avoir un élément suffisament valable, pour nous enfermer. Depuis le 19 août, nous étions donc retenus au Maroc d’une façon tout à fait illégale. »

 Photo Yabiladi : Turtelboom (Justice) et Reynders (Affaires étrangères) au Maroc en avril 2012, une coopération de plus en plus forte.

Appel à l’aide des détenus européens dans les prisons marocaines ! (Liste des noms, prisons et nationalité)

dans ACTIONS/DOUBLE NATIONALITE/LA PRISON AU MAROC par

Le Comité des familles des prisonniers européens détenus dans les prisons marocaines nous demande de publier une nouvelle liste de noms des détenus (avec le nom de la prison et leur nationalité), signataires de l’appel à l’aide du 30 novembre 2012.

 

« C’est au nom du Comité des familles des prisonniers européens détenus au Maroc que nous vous envoyons ce communiqué pour dénoncer le mépris et l’abandon affichés par nos responsables en ce qui concerne le sort et les conditions de vie de nos frères , maris, fils , amis. Même leurs grèves de la faim préventives de trois jours les 22,23 et 24 octobre 2012 pour justement les alerter sur la grave situation qu’ils vivent n’ont rien changé. Certains sont innocents et ont été torturés. Pour la plupart d’entre eux les conditions carcérales sont inhumaines. Ils sont rackettés, ce qui nous coûte très cher. Et tant d’autres choses qu’ils n’ont pas cessé de dénoncer, pour beaucoup au dépens de leur intégrité physique.

Nous sommes constitués aujourd’hui de plusieurs familles espagnoles , françaises , belges , hollandaises , italiennes et portugaises, dont le premier pôle se trouve a Bruxelles et est géré par le militant Luk Vervaet (vervaetluk@gmail.com tel: 0032 478 653 378).

Nous tenons absolument a mettre en lumière les responsabilités des politiques, des gouvernements et de la communauté européenne dans ce qui devient aujourd’hui à l’évidence une complicité dans les cas de tortures et une complaisance dans leurs conditions en général. Cela fait des années pour beaucoup que le mutisme et l’indifférence de la part des responsables tue a petit feu.

Nous profitons donc de l’approche du 10 décembre, journée mondiale des droits de l’homme, pour tirer la sonnette d’alarme sur le sort que vivent ces prisonniers et nous, leurs familles. »

 

Ali Abouzid El jadida, France

Hajouli Youness Berrchid, France

Brahim Moussali Benslimane, France

Hicham Janebi, Salé1, Hollande

Ricardo Vindigni ou yindigni, Salé1, Italie

Karl Kartnaller Volker

Bernard Ameloot , Tatouan , Belgique

Jacob Freddy, Tetouan , Belgique

Philippe Salmon, Tanger , France

Antonio Espin Abellan, Tanger, Espagne

Miguel Muñoz Muñoz, Tanger, Espagne

Mohamed Oulad Ali, Salé2, Belgique

Younes Jlaydi, Tanger, France

Christopher Samir Soufi, Tanger, France

René Leprestre, Tanger, France

Mohamed Johri, Salé2, Belgique

Mohamed Azzedine Idrissi, Salé2, France

Mostapha Naïm, Salé2, France

Youness Hajouli, Berrchid, France

Rafik Guarchi, Mohammedia, France

Mohamed Bouloumat, Casa, France

William Duarte, Casa, France

Patricio Hernan Campos, Tanger, Espagne

Ricardo Molina Revilla, Tanger, Espagne

Jose Ramon Molina Revilla, Tanger, Espagne

Fernando Caoas Gonzales, Tanger, Espagne

Jorge Carmona CallaVez, Tanger, Espagne

Brahim Kamal, Tanger, France

Jafar Benkateb, Tanger, France

Amaza Kali, Tanger, France

Mohsin Abelandnen, Tanger, France

Farid Hamache, Tanger, France

Bilal Adad, Tanger, France

Zakaria Ekkorichi, Tanger, France

Amadi Amada Sal, Tanger, France

Sergi Otman Watabi, Tanger, France

Driss Bahaoui, Tanger, France

Douiheb Abduaid, Tanger, France

Enrique Pajero Mochon , Tanger, Espagne

Andrea Fioritto, Tanger, Italie

Fransisco Escobar Cespedes, Tanger, Espagne

Patrikk Baglio, Tanger, Espagne ,

Patricio Hernar Campos, Tanger, Chile

Daniel Odriguez Sanchez, Tanger, Espagne

Antonio Manuel Dominguez Ribeiro, Tanger, Portugal

Julio Rodriguez Montufo, Tanger, Espagne

Sebastien Ollos Lozano, Tanger, Espagne

Jeronimo Cara Espionosa, Tanger, Espagne

Radu Scripet, Tanger, Roumanie

Ricardo Benoliel Silva, Tanger

Jorge Tomag, Tanger, Portugal

Stefano Bertoni, Tanger, Italie

Angel Moreno, Tanger, Espagne

Adil Lamtalsi, Salé2,  France

Ossama Zeria, Berrechid, France

Kamel Zrida, Salé2, France

Amida Grari, Tanger, Pays-bas

Anis-aïssa Rnili, Tanger, Allemagne

 

 

La sœur d’Abdellatif Bekhti nous parle du procès Belliraj et du traitement de son frère.

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Interview par Luk Vervaet

(photo :la soeur d’Abdellatif Bekhti et ses enfants)

Abdellatif Bekhti est arrivé en Belgique quand il avait l’age de 2 ans. Ils étaient 8 dans la famille. Comme beaucoup d’ouvriers immigrés de cette génération, son père, aujourd’hui décédé, travaillait dans la mine au Nord-Pas-de-Calais depuis 1960. Après il travaillait dans une usine à La Louvière qui appartenait au Baron Empain.

Abdellatif a trois enfants, dont l’aîné a 12 ans. Il a été un commerçant qui faisait les marchés. « En 2003, il a été condamné pour des faits au Luxembourg qu’il a toujours nié. Mais, quoi qu’on puisse penser sur lui : est-ce une raison pour accepter son arrestation et sa condamnation au Maroc en 2008 ? Est-ce que ça leur donne le droit de le traiter comme ils le font au Maroc ? », me demande sa sœur Chriffa, elle-même née à Bruxelles et maman de quatre enfants. « Il était une proie facile pour la sûreté marocaine, qui l’a enlevé dans le cadre du procès Belliraj. Un matin, en janvier 2008, cinq policiers en civil ont arrêté Abdellatif dans une rue à Casablanca. C’était un vrai enlèvement. Personne n’a été mis au courant. Abdellatif avait tout simplement disparu. Quand on cherchait des informations sur lui, c’est finalement le concierge du bâtiment qui a déclaré : je l’ai vu partir avec 5 hommes. La même chose est arrivée à d’autres. Comme au Belge Mustafa Tami. Lui était dans une boulangerie. Ses enfants l’attendaient dans la voiture. La police en civil l’a enlevé. Ils ont laissé les enfants seuls dans la voiture. Ce n’est que quand des passants se sont occupés de ces enfants abandonnés, qu’ils se sont réalisés que le père avait été kidnappé.

C’est grâce à un parlementaire qui a dit : « il ne faut pas que les années de plomb reviennent », que, 4 mois après sa disparition, on a su le retrouver. La police l’avait amené à la fameuse prison de Temara où il est resté du 30 janvier au 18 février 2008. Ensuite ils l’ont mis dans un bureau de police à Casablanca, en garde à vue, du 18 février au 28 février.

Ce n’était pas une surprise : quand il est sorti de là, mon frère avait signé des papiers en arabe, langue qu’il ne connaît pas. Il a été torturé, menacé qu’ils y auraient des conséquences pour sa famille s’il ne signait pas.

Mon frère ne s’est jamais occupé de la politique. Il n’avait pas d’idéologie particulière. Si nous on doit s’occuper de la politique aujourd’hui, c’est parce qu’on a été obligé à cause de ce procès. Et pourtant on accuse mon frère d’avoir été impliqué dans une affaire politique, une affaire de conspiration terroriste contre l’état marocain, l’affaire Belliraj. Mon frère n’est pas un terroriste. Le résultat de ce procès était joué d’avance. Avant que le procès commence le ministre de l’intérieur d’antan, Benmoussa, avait déjà déclaré que les inculpés étaient tous coupables. Et le tribunal, suivant les ordres politiques, a condamné tous les 35 personnes ramassées, qui avaient soi-disant tous un lien avec Belliraj. Est-ce que quelqu’un peut nous expliquer ce qui s’est passé par la suite ? Dans un procès terroriste, il y a toujours la dimension politique, il y a toujours un projet politique et idéologique, sinon on ne peut pas parler de procès antiterroriste. Or, en 2011, les cinq politiciens dans ce procès ont été tous graciés. L’idéologie a donc été blanchie. Alors en toute logique tout ce procès antiterroriste devait être annulé. Ou au moins, il aurait dû être repris à zéro.

Après une parodie de procès, mon frère a été condamné à 30 ans de prison. Aujourd’hui, ils purge sa peine à la prison d’ Oujda. J’ai lu dans un article sur Wikileaks que même l’ambassade américaine à Rabat et même l’ambassade belge à Rabat ont reconnu que ce procès était une farce. On torture les inculpés jusqu’à ce qu’ils admettent les accusations. Ils t’enlèvent, ils t’isolent, ils te mettent une cagoule, des menottes jour et nuit, ils te disent qu’ils vont s’en prendre à ta famille. Et ensuite les accusés signent un papier qu’ils ne comprennent pas. Et ça suffit pour le tribunal. Il ne faut plus présenter des preuves. Il n’y en a aucune dans ce procès ! »


 

Les détenus européens dans les prisons marocaines et leurs familles s’organisent

dans ACTIONS/COMMUNIQUES DE PRESSE/DOUBLE NATIONALITE par

Communiqué du 30 novembre 2012

« C’est au nom du comité des familles des prisonniers européens détenus au Maroc que nous vous envoyons ce communiqué pour dénoncer le mépris et l’abandon affichés par nos responsables en ce qui concerne le sort et les conditions de vie de nos frères , maris, fils , amis. Même leurs grèves de la faim préventives de trois jours les 22,23 et 24 octobre 2012 pour justement les alerter sur la grave situation qu’ils vivent n’ont rien changé.

Certains sont innocents et ont été torturés.

Pour la plupart d’entre eux les conditions carcérales sont inhumaines.

Ils sont rackettés, ce qui nous coûte très cher.

Et tant d’autres choses qu’ils n’ont pas cessé de dénoncer, pour beaucoup au dépens de leur intégrité physique.

Nous sommes constitués aujourd’hui de plusieurs familles espagnoles , françaises , belges , hollandaises , italiennes et portugaises, dont le premier pôle se trouve a Bruxelles et est géré par le militant Luk Vervaet (vervaetluk@gmail.com tel: 0032 478 653 378).

Nous tenons absolument a mettre en lumière les responsabilités des politiques, des gouvernements et de la communauté européenne dans ce qui devient aujourd’hui à l’évidence une complicité dans les cas de tortures et une complaisance dans leurs conditions en général.

Cela fait des années pour beaucoup que le mutisme et l’indifférence de la part des responsables tue a petit feu.

Nous profitons donc de l‘approche du 10 décembre, journée mondiale des droits de l’homme, pour tirer la sonnette d’alarme sur le sort que vivent ces prisonniers et nous, leurs familles. »

 

Communiqué mai 2012

« Ce courrier est destiné aux responsables européens, aux représentants des institutions des droits de l’homme et à qui veut l’entendre.

Nous sommes les détenus européens incarcérés à la prison de Salé au Maroc.

Ceci est un cri de désespoir qui a pour but d’interpeller toute la communauté européenne de notre cauchemar.

Ce n’est qu’après l’entrée du Maroc au statut avancé par l’UE et toutes les garanties, presentées par le Royaume (Respect de droits de l’homme, justice respectant ses propres fondements, conditions carcérales humaines) que nous faisons l’obligation de vous faire parvenir notre situation désastreuse.

Dans un premier temps, en ce qui concerne les arrestations et les gardes à vus.

Nous sommes passés à tabac par des policiers sans scrupules. Les interrogations et les procès verbaux sont en arabe, sans traducteurs. Dans la majorité des cas, ils nous ont obligé à signer des pv dont nous ne connaissons pas le contenu.

Nous sommes rués de coups et dans l’impossibilité de nous exprimer ou de se défendre par le biais d’un avocat.

Ensuite nous sommes différés au tribunal devant des magistrats agressifs qui ne prennent pas la peine de nous expliquer quoi que ce soit.

Après cela, s’en suit un manège juridique, digne des pires pièces de théâtre : de lourdes condamnations, des jugements expéditifs, inexistence d’une défense, des avocats au seul but lucratif.

Beaucoup d’entre nous se sont vus condamner à de lourdes peines de prison en ayant répondu à deux questions seulement.

En ce qui concerne les conditions carcérales, ‘cauchemar’ est un bien petit mot.

Nous sommes entassés entre 20 et 30 personnes dans de petites cellules (70 cm² par personne environ). Il y règne un niveau d’insalubrité et d’hygiène exécrable : chambres infestées d’insectes et de rats ; un seul robinet pour tout usage (vaisselle, pour boire, nettoyage, toilettes intimes) ; sommeil à même le sol ; maladies récurrentes ; froid pendant l’hiver par manque de vitres et fuites d’eau du plafond.

Nous sommes dans un état de détériorations avancées aussi bien mentales que physiques. C’est un combat de tous les jours pour manger parce que la prison ne fournit que deux pains par jour et nous devons nous débrouiller avec toutes les dépenses que cela implique. Par dessus tout il y a le racket de la part des fonctionnaires et des prisonniers eux-mêmes. Nous devons payer pour tout alors qu’il n’y a rien, aucun suivi médical ou alors en faisant des pieds et des mains. Aucune assistance juridique ou adminstrative. Aucune assistance psychologique.

Chaque petite action menée est une guerre en soi où la lassitude, la fatigue, le slarmes, les crises de nerfs sont le lot quotidien.

C’est la peur au ventre que nous vivons et le suicide se trouve évoqué dans plusieurs de nos esprits.

En ce qui nous concerne tous, jamais, nous n’aurions pu nous imaginer que de telles conditions carcérales puissent exister, et encore moins au Maroc.

Maintenant, la question que l’on se pose est de savoir comment est-ce possible qu’on nous cache la vérité sur cette situation déplorable ? L’information dont nous sommes abreuvés en Europe sur le Maroc est tout autre. La justice y serait équitable, les droits de l’homme respectés, la corruption combattue.. Alors que la réalité est tout le contraire !

Comment nos élus européens ont pu nous tromper à ce point en passant tout un nombre d’accords avec le Maroc contre justement le respect des ces valeurs que sont la justice, l’état de droit et la sécurité. L’ONU elle même n’aurait-elle pas fait signer au Maroc tout un nombre de conventions nullement respectées ?

N’avions-nous pas le droit à de réelles informations de la part de nos élus, nos politiques ou encore même des médias. De quel jeu dangereux sommes-nous les victimes ou pour quels intérêts sommes-nous sacrifiés ?

A chaque personne qui lira ce courrier, politiques, journalistes, membres associatifs ou simplement citoyens européens, nous vous prions, nous vous supplions de nous aider et de nous porter secours. Le destin peut se montrer parfois de la sorte, mais nous restons avant tout des êtres humains et restons dans l’espoir d’un retour positif. Car même les diplomates présents ici restent sourds à nos appels ou sont impuissants. »

 

42 détenus ont signé avec leur Nom et prénom – Nationalité – Numéro d’écrou – Signature.

(Note de la rédaction de Free Ali : par respect pour la vie privée et pour la sécurité des détenus nous mettons ici seulement les prénoms et la nationalité)

 

Alexey – Italian resident

Adil – France

Fofana – France

Ludovic – France

Antonio – Italia

Mehdi – France

Christophe – France

Giancarlo – Italia

Djamel – France

Eric – France

Antonio – France

Kamel – France

Ouahid – Belgique

Ricardo – Espana

Stephane – France

Jamal – Nederland

Douimi – Nederland

Sylla – France

Moradbrahim – France

Nordine – France

Anthony – France

Jörg – Deutschland

Karl – Austria

Dietrich – Deutschland

Hussein – Jordan

Ricardo – Italia

Claude – France

Mohamed – Belgique

Hicham – Nederland

Jean – Greece

Michel – France

Saber – France

Oussama – France

Valentin – Roumanie

Ivan – Espana

Yousef – Australian

Göksel – Turkiye

Kasim – UAE

Omar – France

Salem – France

Nouar – Algérie


 

 

 

Détenus européens dans les prisons marocaines : L’enfer de Tanger

dans ACTIONS/DOUBLE NATIONALITE/LA PRISON AU MAROC par

L’enfer carcéral que décrivent trente d’entre-eux, signataires d’un «Appel aux vivants» annonçant leur grève de la faim de trois jours fin octobre, est un récit du Moyen-Âge, où la violence et les privations sont le lot quotidien de leur vie de taulards. Une vie marquée aussi par «l’indifférence de la France» à qui leur message de détresse est adressé.

«J’ai besoin de soins de la France»

«Les consulats de France sont inconséquents, absents», dénonce un prisonnier qui a souhaité garder l’anonymat. «Notre courrier n’arrive pas toujours, et ils n’hésitent pas à nous conseiller des avocats véreux», accuse un autre.

Une situation pourtant relativisée par un récent reportage d’une télévision marocaine francophone.

«À l’heure à laquelle je vous écris cette lettre, j’ai un bras dans le plâtre, et beaucoup de boutons sur le corps. J’ai besoin de soins de la France. Je suis français, j’aimerais beaucoup avoir de l’aide. Le Consul ne nous sert à rien. J’ai eu beaucoup d’accidents depuis neuf mois que je suis là, et il me reste 27 mois à finir donc je ne sais pas si je sortirais vivant», témoignait pourtant un prisonnier français dans un message adressé à une ONG locale.

Près de 70 autres prisonniers étrangers disséminés dans huit autres prisons du royaume ont rallié le mouvement pour attirer l’attention de l’Europe sur les conditions inhumaines de leur incarcération.

Satfilage, dont le nom évoque certainement un lointain passé colonial, est l’un des plus vieux pénitenciers du Maroc. Un lieu de perdition, où s’entassent ces captifs français pour la plupart tombés pour trafic de drogue. Prévue pour accueillir 450 prisonniers, la prison en compte plus de 2600.

C’est un concentré de Tanger la crue, celle des bas-fonds sordides dont le romancier Mohamed Choukri avait dépeint il y a déjà plus d’un demi-siècle le sombre tableau dans Le pain nu . Pas étonnant que ce bagne digne de Cayenne soit le plus cosmopolite du pays, et aussi celui qui compte le plus grand nombre de détenus français à l’étranger.

«Des cafards anthropophages»

«Je profite de ce que M. Mendès, rapporteur des Nations unies sur la torture et l’état des prisons au Maroc, soit en train de livrer ses conclusions, et qu’Hélène Conway Mouret, ministre déléguée des Français à l’étranger, se soit exprimée le 29 septembre à la télévision marocaine pour saluer l’avancée considérable de la démocratie au Maroc, et les efforts du royaume en matière des Droits humains, pour vous aiguiller sur mon environnement direct. Je vous écris depuis une paillasse de 60 sur 90 cm, que je partage avec une horde de « cafards anthropophages » qui laissent des marques de morsures sur l’épiderme», écrit Benoît, échoué à Satfilage comme le Billy Hayes de Midnight Express pour avoir tenté de faire transiter du cannabis vers la France. Il partage sa cellule de 25 m2 avec 35 autres prisonniers, soit un espace individuel de 70 cm2, au lieu des 6 m2 réglementaires.

«Pour la moitié d’entre eux, pas de paillasse, l’expression consacrée ici est « la gare », soit à terre, une coursive de desserte d’un mètre sur cinq», poursuit Benoît.

Dormir à «la gare» est, sauf exception, un passage obligé pour tout nouvel arrivant, car le délai d’obtention d’un semblant de lit peut prendre plusieurs mois, et encore faut-il avoir un matelas qui se résume souvent à une simple couche en éponge jaunie par les ans, l’urine, la crasse et mitée de morpions voraces.

«Il y a beaucoup de petites bestioles qui se cachent dans nos vêtements. Des rats, des chats, des araignées, des gros moustiques et des cafards. Je me gratte tout le temps, c’est insupportable. Les places sont payantes pour un lit, j’ai payé 200 euros au chef de chambre sinon il m’aurait mis en dessous d’un lit. Nous n’avons pas de fenêtres, on n’arrive pas bien à respirer. Je tombe malade très souvent, je respire très mal», se plaint un autre Français condamné à 3 ans ferme pour les mêmes motifs que Benoît.

Entassés comme des sardines

Comme eux, chaque année, des dizaines de Français, dont une partie possèdent la double-nationalité, sont arrêtés au port de Tanger-Med, point de passage des tonnes de haschich que les trafiquants tentent de cacher dans la carrosserie des voitures et des camions. Beaucoup sont des passeurs de drogue, des «mules» qui pour un transit réussi peuvent empocher jusqu’à 20.000 euros à l’arrivée. D’autres sont de simples consommateurs inconscients qui voulaient rapporter un «souvenir de vacances», la célèbre résine de cannabis de la région du Rif.

Tous sont logés à la même enseigne. Ils sont près de 200 à croupir dans les prisons du nord du Maroc, à Satfilage, mais aussi à Larache, Tétouan, Nador et Al-Hoceima. Une centaine d’autres sont disséminés dans d’autres prisons tout aussi infernales, à Casablanca, Salé, Mohammedia, Kénitra, Berrechid, Fès ou Marrakech.

«Ici, rien n’est normé: câbles électriques à nus, disjoncteurs hors d’âge ou inexistants, douilles, ampoules et détergents pour les sols à la charge des détenus, confusion totale entre toilettes, salle de bain et évier, réchauds à résistances apparentes, pas de fenêtres, mais des meurtrières sans vitres à barreaux. Je me montre synthétique pour ne pas en rajouter, parce que j’ai parfois envie de hurler», raconte Benoît.

Ce que décrit ce détenu de Satfilage n’est pas une exception. D’autres prisonniers et des rapports d’associations des droits de l’Homme décrivent le même calvaire dans la plupart des geôles chérifiennes: des cellules de 40 m2 où s’entassent jusqu’à 80 personnes dans des conditions aussi terribles. Des photos qui circulent sur Internet montrent des hommes serrés comme des sardines, dormant parfois jusque sur le trou des toilettes turques qu’ils recouvrent d’une couverture.

Pour échapper à l’air saturé des cellules, ils doivent soudoyer les mâtons pour qu’ils gardent entrebaîllées les lourdes portes en fer qui doublent les grilles. «Le problème, c’est que la prison est peuplée de hordes de chats affamés qui s’introduisent en cellule pendant la promenade et mangent nos provisions», se plaint un autre français incarcéré lui à Oukacha, la plus grande prison marocaine de Casablanca.

Couteaux et rasoirs vendus par les matons

La galle, la dysenterie et les maladies de l’appareil respiratoire font des ravages parmi les prisonniers. «Il va de soi que dans de telles conditions, il est impossible de sacrifier à l’hygiène, qu’elle soit corporelle ou mentale. Au moment où j’écris ces lignes, on emmène un infirme de la jambe droite à l’infirmerie pour tentative de pendaison dans le réduit toilette-évier-douche», raconte Benoît.

Selon l’Observatoire marocain des prisons, une organisation qui n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme sur les conditions de détentions dans le royaume, la plupart des décès qui surviennent en captivité sont d’origine suspecte.

Si les détenus ne meurent pas d’infections ou ne se suicident pas, ils succombent aux mauvais traitement ou suite à des actes de violence: «60 à 70% de la population carcérale porte les stigmates d’automutilations ou de joutes, souvent au couteau ou au rasoir, souvent vendus par les gardiens».

«Quel que soit l’âge, les dentitions sont affectées dans les mêmes proportions, ce qui m’amène à parler de soins: pas ou peu de médicaments, de consultations, un jour de visite par quartier et par semaine, erreurs de diagnostics en l’absence de médecins, car médication quand même. Exemple : spray antiparasitaire pour un asthmatique, bandage pour une double fracture», poursuit Benoît.

Difficile en effet de penser aux soins, lorsque l’on sait que le Maroc dépense à peine 30 centimes d’euros par détenu et par jour, une parcimonie aux conséquences désastreuses. «Un ex-champion d’Europe de boxe anglaise a été libéré il y a peu sans dents, pour cause de traitement inapproprié. Patrick F. ex-corps de l’armée de terre française, est mort il y a deux semaines, faute d’avoir été transféré à Rabat assez tôt, au profit d’un autre jeune homme dont le pronostic vital n’était pas engagé», relate Benoît.

600 euros par mois pour survivre

Pourtant l’économie des pénitenciers marocains est florissante, grâce au racket et à la corruption. Car «la prison coûte cher, horriblement cher ici», assure un ex-prisonnier français. «Là-bas, pour 300 euros, tu cantines plutôt bien quand tu es non-fumeur. Il faut compter 100 euros par semaine pour la nourriture, plus 50 euros pour payer les différents services aux matons, ce qui revient à 600 euros par mois, juste pour avoir le minimum vital», explique-t-il.

À Tanger comme dans les autres «centrales» marocaines, le prisonnier achète tout, même ses droits, et parfois bien plus. Au parloir, des essaims de mères et épouses en djellabas apportent des couffins de victuailles à leurs proches. Dans le vacarme assourdissant où familles et détenus hurlent pour se faire entendre, pour cinq euros, les matons ferment les yeux sur un téléphone portable camouflé dans une baguette de pain, une bouteille d’eau minérale remplie de vodka ou une de Coca pleine de vin rouge.

«Pour 10 ou 20 euros, tu peux même faire passer une friteuse ou un barbecue», affirme un autre détenu français qui a déjà tenté l’expérience avec succès. Jusqu’à la prochaine fouille, la redoutable «faille» comme l’appellent les prisonniers marocains, où tout ce mobilier de fortune est confisqué par les mêmes qui l’ont fait passer. Pour le récupérer, il faut encore payer. «Ici, l’argent est roi. La corruption est une respiration simple et naturelle», résume Benoît.

Les détenus français qui ne reçoivent pas de mandats de leur famille, ni de ration hebdomadaire, risquent très vite de présenter des signes de malnutrition.

«Les matons sont des vauriens, ils ne savent que vous demander de l’argent. Moi ce n’est pas mon délire. Je n’arrive même pas à vivre avec le peu d’argent que ma mère m’envoie. Je mange avec, mais parfois je n’ai rien à manger. Tout est à notre charge. Il faut tout acheter je vous dis», déplore un autre détenu français.

L’Espagne donne 100 euros, la France rien

Consciente de cette réalité, l’Espagne alloue une somme de 100 euros par mois à chacun de ses ressortissants incarcérés qui constituent le plus grand contingent des détenus tangérois. La France, rien. «Le pire, c’est que nous sommes perçus comme des riches, puisque nous sommes européens», regrette un ancien de Satfilage.

Ceux qui ne reçoivent aucune aide familiale sont condamnés à travailler. Au Maroc, cela veut dire se mettre au service d’un autre prisonnier, souvent le chef de chambrée, ou se prostituer. Pour les ex-trafiquants de drogue, pas la peine de penser à perpétuer le business dans les murs de la prison, le marché est déjà pris par les petites mains de l’administration.

«Le comble pour nous, c’est d’arriver dans une prison où l’on trouve de l’héroïne, des cachetons, du shit, de la coke, de la colle… Cela deal grave à l’intérieur», explique un jeune franco-marocain. Le trafic est organisé par les gardiens, et le bénéfice généré remonte très haut dans la hiérarchie pénitentiaire, jusqu’aux plus hautes sphères de l’administration, selon le rapport de Juan Mendès rendu public en août 2012.

Dans cet univers de non-droit, le seul espoir des détenus français est le transfert vers les prisons de l’Hexagone où ils peuvent espérer des réductions de peine, car souvent la justice marocaine a la main très lourde, mais les procédures prennent toujours de longues années dans les dédales de la bureaucratie locale et à cause, affirment-ils, du peu d’entrain manifesté par le Quai d’Orsay.

Zineb El Rhazoui 

SOURCE

Farida Aarrass au 13° Festival Cinéma d’Attac (Samedi 24/11 à 14.15h)

dans ACTIONS/ARTS par

Samedi 24 novembre 14.15h Botanique, Rue royale 236 1210 Bruxelles

 

http://youtu.be/dr4KGU0HeAg

Film et débat : Abdelkrim ou la guerre du Rif de Daniel Cling, suivi d’un débat « Maroc : La lutte continue.. ! » avec Farida Aarrass (Campagne Free Ali), Rachid Bathoum (chercheur), Mohamed Benzaouia (ex-militant des Droits humains au Maroc).

 

Le film

« 1920-1926. Pour mater la rébellion d’une tribu conduite par Abdelkrim au fin fond du Maroc, Philippe Pétain obtient bombes et armes chimiques. La révolte est écrasée au prix de dizaines de milliers de morts. Qui s’en souvient ? Pourtant, l’insoumission est menée par Abdelkrim va constituer la première lutte de libération contre le système colonial »

 

 

Outsourcing Justice: A Tale of Two Extraditions

dans ACTIONS/DOUBLE NATIONALITE/EXTRADITION/FRIENDS OF ALI AARRASS LONDON SUPPORT COMMITTEE/ORGANISATIONS POUR LES DROITS DE L'HOMME / FOR HUMAN RIGHTS/TORTURE par

November 7, 2012 · by Aisha Maniar

http://onesmallwindow.wordpress.com/2012/11/07/outsourcing-justice-a-tale-of-two-extraditions/

 

One Week in October

 

In the first week of October, two court cases took place in two different countries in different continents involving different people. Both cases, involving extradition from European countries, nonetheless display some striking similarities in the surrounding circumstances and hint at a worrying new European practice.

 

On 1st October, the Rabat Court of Appeal in Morocco reduced the conviction of Belgian-Moroccan national Ali Aarrass to 12 years from an initial 15 years on terrorism-related charges, which he claims he confessed to under torture. On 5th October, at the High Court in London, Babar Ahmad and Talha Ahsan, the Tooting Two, both British citizens, lost their combined decade-long fight against extradition to the United States on charges of alleged support for terrorism. They claim that pre-trial and possible post-trial imprisonment in the US would be tantamount to cruel and degrading treatment.

 

Say who?

 

Ali Aarrass, a 50-year old bookseller from Brussels, was born in the Spanish enclave of Melilla in North Africa in 1962. He moved to Belgium in 1977, aged 15, and obtained Belgian nationality in 1989. He was not involved in any political or religious organisations. In 2005, he returned to Melilla with his family where he ran a café. Suspected of involvement in bombings in Casablanca in 2003, he was arrested for the first time in Melilla in 2006. Released on bail after four days, he was arrested again in April 2008, when the Moroccan authorities requested his extradition on charges of terrorism involvement. He was held in custody in various Spanish jails until he was extradited on 14 December 2010. Following a thorough two-year investigation, in March 2009, Judge Baltazar Garzon, formerly one of Europe’s strictest anti-terrorism judges, found that there were insufficient grounds to implicate him in the attacks. Spain nonetheless acquiesced to the extradition request. Upon arrival, he promptly “disappeared” for 12 days during which he “confessed”; he maintains that he was tortured. This resulted in his conviction in November 2011 on charges of bringing weapons into Morocco and supporting a terrorist network, allegedly run by another Belgian-Moroccan, Abdelkader Belliraj, who was given a life sentence in 2009.

Meanwhile, in London, the ordeal of 38-year old Babar Ahmad, who worked in the IT department at Imperial College, University of London, started even earlier in 2003, in perhaps one of the most extraordinary cases of a miscarriage of justice in recent times. Babar Ahmad was arrested for the first time by anti-terrorism police at his Tooting home in December 2003; during that arrest, he sustained over 73 injuries. In 2009, Babar Ahmad was awarded £60,000 for the attack following admission of it by the police. No apology has been offered. In June 2011, four officers were found not guilty of assault. He was released 6 days later without charge.

 

In August 2004, he was arrested again pending extradition to the USA. The charges revolve largely around Babar Ahmad’s operation of websites alleged to support terrorist organisations, one of which was briefly hosted in the US, and soliciting funds for terrorist organisations. Although the alleged crimes are reported to have taken place in the United Kingdom, in July 2004, the Crown Prosecution Service (CPS) did not prosecute “on the basis that there was insufficient evidence in the UK for a successful prosecution”. He was indicted in the US. In May 2005, the senior district judge responsible for extraditions approved the extradition and in November that year, his extradition was ordered by the then Home Secretary Charles Clarke.

 

His co-accused, the lesser-known Talha Ahsan, was arrested in September 2006 on the same charges. A 33-year old graduate from the School of Oriental and African Studies, University of London, Talha Ahsan is an award-winning poet and suffers from Asperger’s Syndrome, making him more vulnerable. His extradition was approved by the court in March 2007 and ordered by the Home Secretary in June that year.

 

Having exhausted all avenues of appeal in the UK, the men took their case to the European Court of Human Rights (ECtHR) in Strasbourg. The Court stayed the extraditions and in a partial ruling in 2010 ordered the extraditions be stayed once more until it was ascertained that the men would not be subject to inhumane treatment, particularly with respect to the harsh conditions of detention there. In an extraordinary ruling in April 2012, the Court held that extradition to the US would not breach their human rights.

Their cases have attracted considerable attention. In 2011, over 140,000 people signed an e-petition to Prime Minister David Cameron seeking that the two men be tried in the UK. Under current government rules, an e-petition to the prime minister with over 100,000 signatures should lead to a specific debate in parliament on an issue. In the end, the issue was discussed as part of a wider debate disappointing campaigners. The two men have not tried to avoid prosecution: they have always insisted that if there are charges to answer and sufficient evidence to try them, that they be tried in the UK where the offences allegedly took place. To this end, in 2012, businessman Karl Watkins tried to bring a private prosecution against them under the Terrorism Act 2000. This case was dismissed on 4 October, a day before their extradition, for failing “to show a genuine intention to prosecute”. On 6 October both men pleaded not guilty to all charges before a Connecticut court. Since the extradition, there has been no telephone or written communication between the men and their families at all.

 

Observers at both trials reported the farcical nature of the trials in which the verdicts appeared to be long foregone. In the latter UK trial, it emerged that a US Department of Justice-owned jet plane had arrived from Washington on Tuesday at an air force base to collect the men, the same day the 4-day hearing started. The Independent newspaper also revealed that the Metropolitan Police, all the while claiming there was insufficient evidence to prosecute in the UK, handed evidence over to the FBI on at least nine occasions. This evidence was never seen by the CPS. Instead, European citizens were sent to other countries where the risk of torture and abuse of their right to a fair trial cannot be ruled out.

 

Torture and Extradition

 

In Ali Aarrass’ case, torture has been a feature throughout. The lack of evidence leading to the Spanish case against him being dismissed in 2009 was due to his name having been mentioned by a Moroccan prisoner who was tortured; the confession was later retracted. The two had never met and did not know each other. In this terrorist network investigation, more than 1500 people were arrested on suspicion of involvement, many of whom were tortured at Temara Prison, like Ali. In view of Human Rights Watch’s (HRW) October 2010 report on this very subject, concerns expressed by Amnesty International and then the United Nations Human Rights Committee’s (HRC) order to stay the extradition while his case was considered, there is no way that Spain could have been unaware of the risk he faced when it accepted Morocco’s assurances. Furthermore, it could not be unaware of the routine use of torture in Moroccan jails. As well as the horrific torture case involving former Guantánamo Bay prisoner Binyam Mohamed, other extraordinary torture rendition cases related to Morocco had emerged by then. Even Hollywood knew it: Morocco was strongly tipped to be the unnamed country in the 2007 film Rendition. Belgian lawyers for Ali Aarrass are now bringing a case against Spain before the HRC.

 

The extradition itself was secretive, with his family and lawyers only learning of his removal to Morocco through the press. Upon arrival in Morocco, Ali “disappeared” for 12 days, during which he was held by the police. He emerged bruised and battered, claiming that he had been beaten, subjected to sleep deprivation, injected with chemicals, raped, given electric shocks to his genitals, claims consistent with those made by many other prisoners in Moroccan jails. His Belgian lawyers have also brought a complaint against Morocco for an independent investigation into his torture claims. The Moroccan police, on the other hand, emerged with a signed confession to the charges in Arabic, a language he does not speak or read, evidenced by the need for an interpreter at his hearings. At his first trial, he retracted the confession, saying he had been forced to sign it. He is still subject to abuse in prison.

US prison conditions do not fare much better. In their case before the ECtHR, the Tooting Two argued that their extradition would be incompatible with their human rights under the European Convention on Human Rights, particularly Article 3 (prohibition on torture), as they would most likely be held at the Federal ADX Florence “Supermax” Prison if convicted; both face the possibility of a life sentence there. Described by a former prison officer as a “clean version of hell”, 360 prisoners are held at the administrative maximum facility (ADX), including some of the US’ most notorious convicts, in high-security conditions, tantamount to almost perpetual solitary confinement, sensory deprivation and “extreme isolation”, aimed at breaking prisoners down. This is par for the course in a country that deems torture to be an “enhanced interrogation technique” and in which the solitary confinement of prisoners is routine. One year ago, prisoners at the Pelican Bay Supermax Prison in California, home largely to violent gang members, started a hunger strike over conditions. Some prisoners have been in solitary confinement for over 20 years (the average is 8 at this jail), during which they have no contact with other human beings, including prison staff. This has been described by lawyers and prisoners as a cruel and unusual punishment. The mental health effects on prisoners, including depression, hallucinations, post-traumatic stress disorder and sometimes suicide are currently the subject of litigation with respect to Pelican Bay and ADX Florence. The surprise was the ECtHR ruling in April that such prison conditions would not be in breach of the two men’s human rights. For many campaigners, particularly in the US, it was felt that this politicised decision by the ECtHR gave torture, or at least cruel and degrading treatment, the green light, and international sanction of a harsh and inhumane regime. In spite of the ECtHR’s satisfaction with conditions in the US, following the extraditions, Amnesty International expressed its concerns and dismay at the ruling.

 

The UN Special Rapporteur on Torture Juan Mendez has intervened in both cases. In early October, his office wrote to the British government informing it that the extraditions would be in breach of the UN Convention Against Torture. Mr Mendez said, “I think there is very good arguments that solitary confinement and SAMs (special administrative measures, which impose severe restrictions on communication with other inmates or the outside world) would constitute torture and prevent the UK from extraditing these men.” He described such conditions as “arbitrary” and not “disciplinary”.

 

Juan Mendez visited Ali Aarrass in prison in Morocco just days before his appeal hearing started in September. He then issued a statement expressing his grave concerns about the use of torture in Moroccan jails, which he described as “systematic”. As a result, Mr Aarrass was threatened by prison staff. A report by Morocco’s official human rights body, the CNDH, last month revealed that most prisoners are subject to “cruel, inhuman and degrading treatment” without any effective investigations or inspections. At his hearing on 1st October, Ali Aarrass was supposed to be given an opportunity to talk about the torture he had faced. Following the reduction and not overturn of his sentence, Mr Aarrass’ lawyers are now appealing to the supreme administrative court (Court of Cassation) on a number of points of law.

 

Bargaining Chips”

 

In a forthcoming documentary about her brother, Ali Aarrass, Pour l’Exemple (English working title: Ali Aarrass: The Buck Stops Here), Farida Aarrass describes him as a “bargaining chip” in relations between the three states involved in his ordeal: Morocco, Spain and Belgium. The war on terror has indeed provided fertile ground for the burgeoning trade in human beings in diplomatic and commercial relations. A clear example of this was unearthed by HRW in Libya last year and is being investigated by the Metropolitan Police, concerning Britain’s direct involvement in the extraordinary rendition of Libyan dissidents in 2004. Shortly thereafter, trade relations were resumed with the Gaddafi regime, and attempts were made to deport other dissidents from the UK.

 

Cables leaked by Wikileaks demonstrate the clear awareness of various states of the torture evidence used in the Belliraj (terrorism ring) trials held in 2009, as well as concerns on how to deal with the abuses of rights and due process cited by lawyers and human rights NGOs. Less than a fortnight after ordering the extradition of the Tooting Two, Home Secretary Theresa May decided not to extradite Gary McKinnon, ending his almost decade-long fight, citing his Asperger’s Syndrome, also suffered by Talha Ahsan, as compromising his human rights and putting him at additional risk; this was ascertained not independently but by her own doctors. Home secretaries are not known for their compassion, as anti-deportation campaigners know too well. Clearly, a deal had been struck in Mr McKinnon’s case – who has suffered considerably – which was not reached in the case of the Tooting Two. The Home Secretary also announced changes, but the not much sought-after repeal, of the Extradition Act 2003. Much has been written about the unfairness in the two decisions in cases with striking similarities. Accused of racism and islamophobia, the test will come later this year when Richard O’Dwyer, not an Asperger’s sufferer, but also facing charges of online US offences committed in the UK, has his extradition hearing.

 

The United States and its intelligence agencies prefer to rely on their extrajudicial armoury, such as “extraordinary rendition” and fuzzy definitions of terms, such as “enhanced interrogation techniques” for “torture”. European states, on the other hand, continue to deny their involvement in such practices or that they collude in torture in any way. In the same way that the US outsources torture through such practices, European states are choosing to outsource justice in cases that would be problematic vis-à-vis the European Convention on Human Rights, particularly Article 3 (prohibition on torture), Article 5 (right to liberty and security) and Article 6 (right to a fair trial). An extradition involves a lawful “rendition” where a person is lawfully handed over from one state to another. European states are using legal mechanisms, such as extradition, to outsource justice, to states whose lower standards of proof and fair trials allow them to be tried in cases that could never be brought in Europe. This is clear in Ali Aarrass’ case having been thrown out by one of the strictest anti-terrorism judges in Europe. Other mechanisms exist too, such as the arbitrary deprivation of nationality and constraints on dual citizens, including Belgium’s own previous “double peine” regime, stripping dual nationals of their Belgian citizenship if convicted. The dehumanising and isolating effect of the war on terror, accusations of involvement in terrorist activity and the cult of secrecy shrouding “national security” concerns provide a comfortable blanket for governments worldwide. In the case of individuals like Ali Aarrass and the Tooting Two, it is truly the hard work of their families, lawyers and activists, who have refused to let matters go quietly or at all, that have thwarted official attempts to obscure such procedures, that are sometimes illegal, and have dragged the process on for years and beyond where the state parties involved may have liked.

 

There is something more sinister at play, however, perhaps best evidenced by the fact that a British company, Hiatts, once famous for manufacturing the shackles used to transport slaves across the Atlantic later produced shackles to transport prisoners to Guantánamo Bay. At the macro level, as governments around the world act like organised gangs, wilfully outside of the known confines of the law, enabling show trials and violating the absolute prohibition on the use of torture, and as extraordinary rendition and the war on terror have escalated over the past decade, so have other trades in human beings. At the micro level, this has opened the floodgates to the proliferation of people trafficking most often for domestic slavery and sexual exploitation, and debt bondage: slavery is well and truly alive in the twenty first century. Just a few weeks ago, the BBC reported that slavery, in its various forms is at its highest level ever. Criminal gangs trade in vulnerable people across borders and continents through extraordinary underhand deals in very much the same ways as governments, concealed by a code of silence.

Ali Aarrass, Pour L’Exemple will premiere on Sunday 11 November as part of the 12th Mediterranean Film Festival in Brussels. This is Armistice or Remembrance Day. Much has changed in the century since the “great war”: empires have risen and fallen, languages and technologies have evolved but history has a habit of repeating itself, and some stories remain the same.

 

Campaign actions:

 

Belgium:

 

http://www.freeali.be/2012/10/24/12-festival-cinema-meditarreneen-9-17-novembre-bruxelles-ali-aarrass-pour-lexemple/

 

Premiere of Ali Aarrass, Pour L’Exemple: 12th Mediterranean Film Festival, Sunday 11th November 2012, Rotonde, Brussels, 3pm

 

 

 

United Kingdom:

 

http://freetalha.org/2012/11/event-surviving-extradition/

 

Surviving Extradition: With Gary Mulgrew, Hamja Ahsan and Aviva Stahl, Friday 23rd November, 6.45-8.30pm, Abrar House, 45 Crawford Place, London W1H 4LP

 

 

 

http://freebabarahmad.com/the-story/latest-news/item/577-action-alert-write-to-the-foreign-secretary-british-ambassador-and-your-mp-regarding-continuing-isolation-of-babar-ahmad-and-talha-ahsan

 

Action alert: write to the Foreign Secretary, British Ambassador and your MP

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