Video : Reportage (6min) de Greta Alegre sur l\’audience du 2 juin
Ce qui s’est passé à l’audience du 9 juin
Ali est là, il nous sourit avec son beau sourire et je touche sa main sur la vitre.
Il est là, t-shirt bleu-rouge, jeans et sandales, comme sur les photos qu’on a de lui, un peu perdu, entouré d’une trentaine de jeunes et de moins jeunes, souvent longues barbes et longues robes. Ce sont des accusés dans un dossier ‘terroriste-salafiste-jihadiste’, cette fois çi, un dossier de Tanger.
A 9 heures, l’audience commence avec l’affaire Ali Aarrass.
Mais, d’un traducteur juré arabe-français pour Ali, demande accordée par les juges le 2 juin, pas de trace.
Le juge propose alors de prendre un des avocats comme traducteur, proposition rejetée par la défense d’Ali, assurée par maitres Dadsi et Louski. Les juges seront ainsi obligés de trouver un traducteur. On attend jusqu’à 14 heures pour entendre qu’il n’ont pas trouvé un traducteur et que si la défense n’accepte pas qu’un avocat traduise, il n’y aura pas d’audience et elle devra être reportée au 16 juin.
La défense ne cède pas. Une nouvelle audience du procès aura lieu le 16 juin.
On peut se poser la question s’il est normal que d’abord on ne prévoit pas un traducteur et qu’ensuite on ne trouve pas un traducteur à « la Chambre criminelle (1er degré) chargée des affaires du terrorisme près la Cour d’appel de Salé ? »
Poser la question c’est y répondre.
Font-ils des promesses, qu’ensuite on essaie de faire oublier ? Veulent-ils tester la défense ? Veulent-ils qu’après un enième report il n’y aura plus personne dans la salle d’audience ?
Maitre Dadsi, le président de l’AJAC, l’association des Jeunes Avocats de Casablanca, m’explique pourquoi la question de la traduction est importante: « Ce n’est pas seulement une question de principe pour s’assurer qu’il y aura une traduction correcte de chaque détail dans ce procès. Mais pour nous c’est aussi le signal qu’un procès équitable va enfin commencer. C’est à dire qu’à travers la désignation d’un traducteur, on va oublier et effacer tout ce qui a précédé, comme par exemple la signature, sous la torture, d’aveux qu’on n’a même pas compris…
Je suis optimiste pour la suite, à condition qu’on continue sur ce chemin. Parce que le dossier d’Ali Aarrass est vide. Une fois qu’on aura une traduction assurée, le 16 juin, on va, avant de plaider sur le fond, demander la confrontation avec des témoins dont l’accusation dit qu’ils ont cité le nom d’Ali et qui seraient à la base du fait qu’Ali se trouve depuis 3 ans en détention. On va demander la confrontation avec trois personnes : monsieur Belliraj, condamné à perpétuité, avec monsieur Benyattou, sans papier algérien extradé par la Belgique, et monsieur Nougaoui. On est très tranquille à ce sujet, parce que la déclaration de Belliraj est déjà là depuis un an, parce que la confrontation d’Ali Aarrass avec Benyattou a déjà eu lieu, organisée par la police, mais on veut que ce soit constaté, reconnu et confirmé par un tribunal. Et puis, on veut que l’affaire des fouilles, qui ont été faites à deux fois par la police après l’extradition d’Ali pour trouver des armes cachées, et qui n’ont rien donné, chose qui n’est pas même pas mentionnée dans le dossier, soit notée officielement. Et que des témoins soient entendus là-dessus. »
(LV).