Salam Farida,
Je te raconte un peu la visite qu’on a rendue à Ali.
Après le voyage fatiguant qui a duré 6 heures, sous une chaleur folle.
Nous avons, comme tu le sais, attendu une heure avant de pouvoir le voir. Le temps qu’on fouille toutes les affaires que nous lui avons ramené. Un peu de tout. Des denrées alimentaires qui puissent couvrir le mois de Ramadan. Car à mon avis il va être quasi impossible d’y retourner avant septembre tant la chaleur est devenue accablante au Maroc.
Apres une heure d’attente vers 12h, Fadma l’épouse de ton père, ton frère Hamza et moi même, avons enfin pu aller vers la salle de visite où Ali était en train de plaisanter avec un garde. Dès qu’il nous a vus, il nous a fait un énorme sourire si agréable à voir ! Le garde nous a salués et s’est retiré dans le couloir.
Ali nous a serrés très fort chacun de nous. Le peu de chaises qu’il y a dans cette salle étaient toutes occupées, mais voilà que le garde nous apporte la sienne. C’était plutôt surprenant comme réaction. Puis toujours ce même garde, patiente un peu et prévient un autre détenu et sa famille que leur temps de visite est terminé. Dès que cette famille a quitté la salle et que le détenu a suivi un garde pour retourner à sa cellule, le même garde fait signe à Ali qu’on s’installe tous autour d’une table afin qu’on soit plus à l’aise.
Pour une fois j’ai trouvé ce garde sympathique.
J’ai bien observé Ali. Je l’ai trouvé plus détendu et plus serein. Même les cernes qu’il avait autour des yeux ont disparues.
Il avait l’air si content de nous voir. Il demandait des nouvelles de tout le monde. Puis et surtout de ton père pour qui il s’inquiète beaucoup. Nous l’avons rassuré sur son état de santé. Il nous dit, vous savez que tant que tout le monde va bien moi je vais bien également.
Ils l’ont changé de cellule, il est tout seul maintenant. Il se retrouve dans l’aile où se trouvent les cas « soi-disant dangereux ! » En isolation. Isolé des autres détenus.
Dans la cour où il fait sa promenade, il y rencontre 7 autres détenus. Mais la promenade ne dure qu’une heure par jour. Ce module est beaucoup plus isolé que l’endroit où il était avant. Dans l’autre ils avaient droit à 3 h de promenade par jour. Une heure et demie en matinée et une autre heure et demie en soirée.
Ali me dit que ce couloir est réservé aux barbus. Je lui ai demandé pourquoi ils l’ont mis là et il m’a répondu qu’il avait demandé à ce qu’on le change de cellule et si possible seul. C’était parait il la seule cellule libre. Il y sera en entendant qu’on lui trouve une libre dans le couloir où il se trouvait avant. Il m’a aussi dit qu’il a appris qu’il y a eu une bagarre dans la cellule précédente, entre deux codétenus. Ils les ont séparés dans d’autres cellules, il ne reste dans cette cellule que trois.
Il dit qu’il est content d’avoir échappé à cette bagarre. Il nous a raconté que la cellule est plus petite mais que ça lui suffit amplement car il a la tranquillité. Il peut dormir sans être dérangé à chaque moment. Je me suis dit que c’est pour ca qu’il a l’air reposé.
Ali aime que tout sois propre et ordonné. Ce qui n’était pas possible avant alors qu’il partageait le même endroit avec d’autres détenus.
Je lui ai ramené de l’eau de javel et une brosse dure, qu’il m’avait demandée au téléphone. Je lui ai tout de même demandé ce qu’il comptait faire avec ça. Il a rit aux éclats et m’a répondu qu’il avait l’intention de bien désinfecter toute sa cellule. Toujours en riant aux éclats il nous dit : « Je suis devenu un bon homme de ménage ! » Nous avons tous rit en le voyant si bien.
Hamza ton jeune frère lui a dit, tu as de plus gros bras que moi. Ali lui a répondu qu’il fait des exercices dans sa cellule et qu’il profite aussi de son heure de promenade pour faire du sport et qu’il s’entraine tous les jours.
Moi je lui ai demandé, comment va ton moral. Il me regarde et me dit : « Sachant tout ce que vous faites pour moi à l’extérieur vous ma famille et toutes les autres personnes, me renforce le moral. Je prends les choses plus calmement. »
Il est vrai que cela se voit sur lui. Il m’a dit également de remercier tout le monde de sa part, qu’il t’embrasse très fort.
Quant arrive le moment de se quitter, on était très tristes de le laisser mais on était rassurés de le voir bien physiquement et moralement.
En sortant de là, je me suis dis qu’on ne doit surtout pas lâcher et que nous devons continuer le combat pour sa liberté.
Horia l’épouse d’Ali Aarrass