Vers une initiative commune des élus bruxellois pour Ali Aarrass … ?

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Le mercredi 15 décembre, à l’invitation de Farida Aarrass, la soeur d’Ali, dans une salle au parlement, a eu lieu une rencontre avec la presse et avec des députés du parlement fédéral et du parlement régional bruxellois sur le thème : « Où en est l’affaire Ali Aarrass ? ».
Maitres Dounia Alamat et Christophe Marchand, les avocats d’Ali Aarrass en Belgique, madame Carreras d’Amnesty International Belgique, monsieur Abderrahman Benyahya, le président de la commision islamique de Melilla, Zoe Genot, députée féderale d’Ecolo et Farida Aarrass y présentaient la situation au niveau de la décision de l’Espagne d’extrader Ali Aarrass au Maroc et de la responsabilité de la Belgique dans la protection de ses ressortissants belgo-marocains.
Présents aussi d’autres députés du PS et Ecolo comme Nadia El Yousfi, Ahmed Mouhssin, et des collaborateurs et assistants des élus Hassan Bouseta et Ikazban. L’assitante de monsieur Ikasban nous a assuré aussi du soutien des élus Véronique de Keyser et Karine Lalieux.
Maitre Dounia Alamat : « Il y a eu deux instructions judiciaires espagnoles contre monsieur Aarrass. A deux fois la conclusion était qu’il n’y avait pas d’éléments, de charges ou de preuves suffisantes contre lui. En Belgique on parlerait d’un non-lieu. Pourtant, la demande d’extradition par le Maroc a été acceptée. Nos collègues avocats espagnols ont réalisé un travail remarquable : il y a eu plein de recours en Espagne contre ce projet d’extradition, mais tous ont été refusé. Après un premier refus du dossier d’Ali Aarrass par la Cour européenne des droits de l’homme, nous nous sommes à nouveau tournés vers la Cour en novembre 2010, après que le gouvernement espagnol avait décidé de confirmer l’extradition. Mais pour la Cour européenne, il n’y avait pas d’éléments nouveaux pour accepter le dossier. Notre collectif d’avocats s’est alors adressé au Haut Commissariat des Droits de l’Homme à Genève. Celui-çi a demandé à l’Espagne de ne pas extrader Ali Aarrass. On dispose maintenant de deux mois pour démontrer qu’Ali Aarrass n’aura pas de procès équitable au Maroc, qu’il y a risque de torture s’il est extradé et que la demande d’extradition se base uniquement sur des déclarations de détenus dans le procès Belliraj, obtenues sous la torture ». Et maitre Christophe Marchand ajoute : « la coopération entre les Etats européens et le Maroc au niveau judiciaire ne respecte pas la jurisprudence pourtant très stricte au niveau des droits de l’homme. Non seulement , ces pays européens commettent une infraction, mais, j’irai plus loin, ces pays peuvent être déclarés complice sur le non-respect des droits de l’homme dans les procès anti-terroristes au Maroc. Il y a aussi cette désagréable impression, que si je m’appelle Christophe Marchand, et si je me trouverais en prison en Espagne, que j’aurai droit à une intervention de la part de la Belgique. Mais pas quand on s’appelle Ali. Ce qu’on peut constater c’est qu’en ce qui concerne le soutien des autorités belges dans l’affaire Ali Aarrass, le soutien a été zéro. Les autorités belges ne réagissent même pas. Pour les citoyens belgo-marocains, il est impossible de se défaire de la nationalité marocaine, et en Belgique ils deviennent des citoyens de deuxième catégorie. Cela mérite une attention particulière. Il faut revendiquer le droit à un traitement égal pour tous les belges. »
Abderrahman Benyahya « la préoccupation de l’occident de se protéger contre le terrorisme est en train de créer un imaginaire collectif. La peur nous mène à des atteintes aux droits fondamentaux. Ces atteintes se retournent avant tout contre les personnes qui ont la double nationalité. En Espagne, on a appliqué la loi de l’extradition passive contre Ali Aarrass, tout en violant l’article 24 de la loi espagnole sur la présomption d’innocence et tout en violant le principe du traitement égal des citoyens européens. Quand la Belgique dit qu’elle ne peut pas s’ingérer dans les affaires espagnoles, nous répondons : il ne s’agit pas d’ingérence, il s’agit pour la Belgique d’assurer le droit de protection de ses citoyens. Porter la double nationalité est une chose pénible. Quand Ali Aarrass est maintenant à sa troisième grève de la faim pour protester contre sa détention et que la Belgique n’a pas encore réagi une seule fois, cela pose un sérieux problème. »
Madame Carreras d’Amnesty International Belgique a ensuite donné lecture de l’appel d’Amnesty de ne pas extrader Ali Aarrass. « Le Maroc a fait des progrès au niveau du respect des droits de l’homme, mais pas quand il s’agit des droits de personnes accusées dans les dossiers de terrorisme » a-t-elle ajouté. « Ce qui est le plus grave, c’est que les plaintes et les déclarations des détenus devant le tribunal sur les tortures ou les mauvais traitements subis en détention n’ont pas de suivi, il n’y a pas d’enquête par le pouvoir judiciaire de ces plaintes. Il faut aussi demander au Maroc des assurances diplomatiques ». Farida Aarrass s’est posée la question : « Mon frère a vécu 28 ans en Belgique. Avec le cauchemars qui lui arrive on se demande : à quoi la nationalité belge nous a-t-elle servi ? Mon frère avait un casier vierge, il y a jamais eu rien à lui reprocher. Et maintenant il ne peut même pas compter sur une assistance belge quelconque. En faisant sa troisième grève de la faim, Ali doit se prendre à lui-même pour revendiquer ses droits. La santé de mes parents se dégrade. On fait un appel à vous tous pour intervenir. »
Zoe Genot a fait lecture de son interpellation dans la commission des affaires étrangères et de la réponse du ministre Vanackere. Elle a déploré que le mot ‘torture’ n’avait pas le même effet effrayant que le mot ‘terrorisme’. Elle se disait étonné qu fait que le co-accusé d’Ali Aarrass, monsieur El Bay, vient d’être libéré et ne va pas être extradé, parce qu’il est de nationalité espagnole et qu’en même temps, pour les mêmes faits, le belge Ali Aarrass allait être extradé. « Quelle est la signification d’une citoyenneté européenne ? » se demandait-elle.

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