Dernières nouvelles d’Ali – ce vendredi 2 août 2013
Ali a récupéré la médaille des 20km de Bruxelles aux couleurs du drapeau belge !
Nadine Rosa-Rosso, Égalité
Lors de l’action quotidienne de 17 à 18 heures, Farida nous a raconté les dernières nouvelles d’Ali.
Ali a pu l’appeler deux fois ces deux derniers jours.
Il lui a raconté son entrevue avec le directeur de la prison, qui l’a convoqué hier soir dans son bureau. Ali s’y est rendu en chaise roulante.
Le directeur lui a remis une enveloppe contenant le médaillon des 20 kilomètres de Bruxelles. Ceci atteste que, malgré les premiers dires du directeur, selon lesquels ce seraient d’autres prisonniers qui auraient dévasté la cellule d’Ali, ce sont bien les autorités pénitentiaires qui détenaient le fameux médaillon aux couleurs du drapeau belge.
Ali lui demande alors où se trouve le reste de son courrier. Le directeur répond : « J’en ai un tas grand comme ça », en écartant bien les bras pour illustrer ses dires.
« Est-ce pour cela que vous vouliez me voir ? », demande Ali.
« Non, je n’ai pas fini. Je tenais à dire que c’est moi le directeur de cette prison et que je visite les cellules quand je le veux. Ce n’est pas à toi de me dire si c’est légal ou non ».
Ali : Bien entendu c’est vous le directeur et vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Vous avez tout le pouvoir mais moi j’ai le devoir de dénoncer le non-respect de mes droits et je ne me tairai jamais. Tout ce que je demande, c’est de purger ma peine de prison en paix ». Fin de la conversation.
Farida a alors rappelé quels droits élémentaires Ali revendique :
· Pouvoir téléphoner à sa famille pour leur donner des nouvelles
· Recevoir son volumineux courrier de soutien
· Prendre sa douche quotidienne
· Pouvoir faire sa promenade dans la cour
· Récupérer le matériel domestique (bouilloire, réchaud électrique, notamment) qui lui permet une vie décente, et notamment l’accès à l’eau chaude pour soigner son herpès
· Bénéficier d’un suivi médical, absolument indispensable, notamment vu les séquelles de la torture
· Recevoir son avocat en tête-à-tête
A ces revendications d’Ali, la famille et le comité de soutien ajoutent celle de visites consulaires régulières de la part de la Belgique pour contrôler sa situation en prison.
Le jour précédent, Ali a reçu la visite d’un membre du Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), Jamila Sayouri, ceci en présence du directeur de la prison, de son adjoint et de l’infirmier. Jamila Sayouri est avocate et l’une des onze membres proposés par les ONG représentatives et actives dans le domaine des droits de l’Homme pour siéger dans le CNDH. Elle est vice-présidente de l’association Adala. Il lui a expliqué les raisons de sa grève de la faim et de la soif. Jamila Sayouri a eu accès au livret médical d’Ali où il s’avère qu’il n’a plus eu de suivi médical depuis le mois de février 2013 alors qu’il doit suivre un traitement.
Que penser de ces dernières nouvelles ?
D’abord qu’Ali a remporté une première – petite – victoire, en récupérant sa médaille, en recevant la visite de Jamila Sayouri et en ayant accès au téléphone pour appeler sa famille.
Cette petite victoire est un résultat de sa grève de la faim et de la soif, comme de la campagne intensive lancée ces dernières semaines en Belgique pour le soutenir dans son combat.
Ensuite qu’Ali prouve une fois de plus sa détermination en réaffirmant sa volonté de poursuivre son combat pour vivre sa détention dans la dignité et avec une vie décente. Il ne demande aucun privilège mais simplement que lui soient accordées les possibilités dont bénéficient d’autres détenus. Il ne peut pas être puni pour avoir porté plainte contre la torture et les mauvais traitements.
Cela ne peut que nous encourager à redoubler nos efforts ici. L’afflux de courrier, même si à ce jour, Ali ne le reçoit toujours pas, constitue une pression de poids sur les autorités pénitentiaires marocaines. On sait en haut lieu au Maroc qu’Ali n’est pas abandonné à son triste sort et que son combat quotidien bénéficie d’un soutien grandissant dans son pays d’origine, la Belgique.
Il en va de même pour les nombreux courriers adressés ces derniers temps aux responsables politiques belges à tous les niveaux, y compris la lettre au Roi Philippe qui a été largement relayée par les médias.
Tous les combats contre l’injustice, et en particulier contre l’arbitraire pénitentiaire, sont des combats de longue haleine, dans lesquels chaque petite victoire rappelle aux prisonniers que, même en prison, ils peuvent conserver la dignité d’un homme debout.
C’est pourquoi, plus que jamais, le mot d’ordre de tous les amis d’Ali doit nous mobiliser : On ne lâche rien !
