Lettre d’Ali Aarrass sur la distribution des vêtements à la prison : « les plus pauvres ne reçoivent rien… »

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vêtements Ali Aarrass Farida Luk

« Les autorités utilisent-t-ils mon action humanitaire à des fins politiques et personnels ? »  se demande Ali Aarrass dans  une  lettre  du 11 janvier 2014 sur la distribution des vêtements aux prisonniers à Salé II .

Après ma première lettre (voir http://www.freeali.be/?p=5106 ) où j’avais décrit la manière cruelle avec laquelle on m’a empêché (durant 3 mois) de faire aboutir un projet humanitaire visant à améliorer les conditions de vie des prisonniers et les sortir de leur isolement..je vous écris cette deuxième lettre pour vous mettre au courant des derniers rebondissements au cours des trois derniers jours et ainsi vous transmettre une image complète du déséquilibre flagrant de la politique de réinsertion et de réhabilitation dans les prisons en général et celle de Salé II en particulier.

Après avoir interdit l’accès aux différents sacs (de vêtements, chaussures et le nécessaire de toilette ) aux prisonniers pendant trois mois, la prison leur a enfin ouvert ses portes, mais dans des circonstances mystérieuses puisque la direction a bien permis à l’Observatoire Marocain des Prisons (OMP) d’assister à l’entrée des sacs mais pas à la distribution de leur contenu aux prisonniers.

vetements-I-2013-09-27-10.28.00-618x190Ce qui fait planer une ombre sur cette distribution qui s’est faite donc sans aucune garantie ni aucun contrôle à part une promesse de la direction de transmettre un procès verbal détaillé.

Selon une source fiable, la distribution a exclu d’office les prisonniers de nationalité marocaine alors qu’ils font partie de la tranche la plus pauvre. On a donc privilégié les autres nationalités alors que la plupart d’entre eux n’en ont pas besoin. (Des africains emprisonnés dans le cadre d’affaires de drogues dures et des européens condamnés dans des affaires de drogues et autres)

vêtements Ali Aarrass IJe tiens à préciser que les lignes précédentes n’ont aucune connotation xénophobe mais la distribution devrait avoir lieu sur base de critères objectifs et non politiques.
Ce qui est encore plus étrange est que la direction a filmé la distribution, ce qui pose de multiples questions sur le but de cet enregistrement puisque cela ne fait pas partie des procédures légales, surtout en plein débat national sur l’immigration des sub-sahariens.

Il est aussi à noter qu’on ne m’a pas informé de l’entrée des sacs et de leur distribution (alors que je suis à l’origine de cette action) mais l’information m’est parvenue de personnes extérieures.

Cette distribution injuste a provoqué l’indignation chez les prisonniers pauvres qui continuent à jouer au football pieds nus ou avec des sandales déchirées. En plus de la pauvreté et de l’éloignement de leur famille, ils viennent de subir une injustice supplémentaire en voyant cette aide tant attendue leur passer sous le nez sans qu’ils puissent rien y faire.

SAMSUNGD’une autre part, certains ensembles et quelques belles paires de chaussures n’ont pas été distribués mais dérobés par les fonctionnaires qui ont procédé à la distribution (selon une source proche de la direction).
Et dans une mesure de transparence, cette même source explique que le directeur de prison et le (président de détention) n’étaient pas présents lors de cette distribution.

Un des prisonniers qui ont bénéficié de cette action, nous a cité les noms des fonctionnaires qui ont géré cette distribution :

– Fouad Zamrani 

– Abdellah Hibbi 

– Hamid El Allali, l’infirmier dans l’enceinte de prison ;

– Bouazza El Onki, adjoint du directeur.

J’avais d’ailleurs déposé plainte contre les deux derniers auprès de Monsieur Juan Mendes rapporteur spécial de l’ONU.

Il reste plusieurs zones d’ombre autour de cette affaire, notamment pourquoi avoir exclu les détenus pauvres (tous marocains) de bénéficier de telles initiatives caritatives? Et jusqu’à quand allons nous donner l’image d’une diplomatie propre sur le dos de l’être humain ?

SAMSUNGLe meilleur moyen d’illustrer la crise de réhabilitation et l’injustice sociale répandue dans le milieu carcéral est bien l’augmentation des comportements irresponsables qui détruisent automatiquement toute ambition visant à aider ces détenus au lieu de marcher d’un pas certain vers le changement.

En attendant le changement de ce genre de comportements contraires à la logique sociale, la question de la réinsertion reste d’actualité face à une réalité régie par les intérêts personnels.

Fait le 11/01/2014
Prison Salé II

Ali AarrassAli

 

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