(Sur le livre Le ciel est un carré bleu, Douze ans dans les prisons espagnoles et marocaines d’Ali Aarrass, 24 octobre 2024)
Le témoignage est bouleversant et nous apprend beaucoup sur la nature du régime au pouvoir au Maroc : Ali Aarrass, citoyen belgo-marocain, a passé deux ans dans les prisons d’Espagne et dix ans dans celles du Maroc, pays où il n’avait jamais vécu. Il était accusé de trafic d’armes et arrêté par la police espagnole sur base de faux renseignements, sans doute donnés par les services secrets marocains qui voulaient arrêter un homme trop critique de la répression sanglante de la révolte du pain et de la dignité, dans le Rif marocain. Écroué dans des prisons espagnoles en attendant un jugement, il découvre les mauvais traitements réservés aux suspects de terrorisme. Mais ce n’était rien par rapport à ce qui l’attendait dans les prisons marocaines. A la suite d’une longue enquête, il est déclaré innocent par le juge Baltasar Garzon (celui qui avait condamné le général Pinochet, dictateur du Chili). Pourtant, malgré ce non-lieu, les services espagnols le livrent clandestinement aux forces marocaines, au mépris de toutes les règles judiciaires et diplomatiques.
Commence alors un long calvaire dans les diverses prisons marocaines où s’entassent nombre de suspects de terrorisme, des résistants sahraouis, des contestataires marocains et des criminels de droit commun…
Les détenus sont livrés à de féroces matons, capables des pires sévices, obligeant ces hommes (et des femmes aussi dont on imagine le sort pire encore) complètement démunis à vivre dans des conditions inhumaines, de manque de nourriture, de froid, de saleté, dans l’isolement qui est une des formes de tortures les plus cruelles, tout en subissant les formes classiques de tortures lors d’interrogatoires ultra violents.
Ali Aarrass raconte jour après jour, de prison à prison, ce long calvaire, clamant sans cesse son innocence, tentant de survivre et surtout de conserver sa dignité d’être humain innocent, respectable par définition.
Ces années se passent dans le silence diplomatique de la Belgique, pourtant responsable de ce citoyen belge qui a vécu 28 ans dans le pays, sans aucune faute ni condamnation, fier d’avoir été un travailleur apportant sa contribution à notre société.
Le sort tragique de prisonniers d’opinion…
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