(Texte traduit de l’arabe)
Monsieur le Secrétaire Général du Conseil National des droits de l’homme
Monsieur le Secrétaire Général
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… Le 14/12/2010 Ali Aarrass est rapatrié par avion de l’Espagne, en compagnie d’officiers de la police judiciaire marocaine, à l’aéroport international Mohammad Cinq à Casablanca. Après son arrivée à l’aéroport, l’exécution des formalités de sortie, il fut conduit, menotté, au bord d’une voiture, de marque Peugeot Partner, de couleur grise, où se trouvaient quatre autres personnes.
Cette voiture, dans laquelle il se trouvait, a pris, de l’aéroport, la direction de l’autoroute Casablanca –Rabat, jusqu’à la sortie de la ville de Tamara. Là, la force de sécurité, assise à ses cotés, lui a couvert les yeux d’un bandeau noir, empêchant ainsi toute vision, lui a intimé de rester calme et de baisser la tête. Peu après, il s’est trouvé dans un lieu sombre.
A l’arrêt de la voiture qui l’a transporté de l’aéroport , et dès qu’il a mis pieds par terre , il fut surpris de subir injures et calomnies , des coups portés sur plusieurs endroits de son corps par plusieurs individus, déshabillé et introduit dans une chambre noire où il fut soumis à différentes formes de tortures dont les traces sont toujours visibles en plusieurs endroits de son corps, particulièrement aux mains et aux pieds.
Ainsi le plaignant a été soumis à plusieurs sessions de torture comportant des coups de bâtons et des gifles donnés par plusieurs personnes, des opérations d’électrocution, l’étranglement en plongeant la tête dans un sot d’eau jusqu’à évanouissement. Après reprise de son souffle et de sa connaissance, il était réassujetti aux mêmes actes ainsi qu’à d’autres formes de tortures comme la privation du sommeil ,de nourriture et d’eau, la menace de viol et le viol lui-même à l’aide de bouteilles en verre causant sa blessure dont les traces ensanglantées étaient encore visibles ,lorsqu’il fut présenté devant le juge qui, de son coté, a refusé de les visionner
Le plaignant a été soumis aussi à des injections, au bras, administrées par une personne, en robe blanche, vraisemblablement par un médecin car l’injection a été administrée professionnellement dans la veine appropriée, reconnue rapidement et sans hésitation à quatre reprises, à la suite desquelles, le plaignant était, à chaque fois, la proie de crises de démence et d’inconscience.
La situation était d’autant plus grave qu’il faisait la grève de la faim avant son rapatriement au Maroc et qu’il était privé de nourritures et d’eau pendant toute cette période.
Les sessions de torture se sont poursuivies durant 4 à 5 jours , au cours desquelles il a perdu- jusqu’aujourd’hui – la sensation au niveau des mains et des pieds, pour être amené, ensuite, aux environs de la ville de Nador , chez un membre de sa famille- sa tante- à la recherche d’armes dissimulées là, aux dires de ses tortionnaires. La recherche a duré toute une journée pendant laquelle la brigade de sécurité a creusé, de long en large, la maison de sa famille. Le soir il fut conduit au centre de police de Nador pour être assujetti, la nuit entière, à des tortures de coups de bâtons sur toutes les parties de son corps, par vengeance, pour n’avoir pas trouvé les armes qu’on recherchait.
Au matin , sur le chemin de retour, il fut conduit dans une foret, aux alentours de Nador, pour être assujetti à une tentative d’assassinat par balles tirées du haut d’un plateau, menacé de revolvers pour l’acculer à montrer le lieu où se trouvent les armes , et soumis à une autre ronde de tortures et de coups de bâtons partout sur son corps.
Ensuite, il fut conduit au centre de Tamara où il a subi les mêmes rondes de tortures pendant 3 à 4 jours.
De là, il fut conduit à Nador, au centre de cette ville, devant un café très connu, proche de la station routière, à la recherche d’un dénommé Mustapha que la force de sécurité, en sa compagnie, a prétendu être la personne qui a reçu les armes du plaignant.
Comme le résultat s’est avéré négatif, n’ayant trouvé aucun du nom de Mustapha ni des armes, il fut reconduit à la même foret, aux environs de Nador, menacé de mort par balles tirées du haut du plateau, menacé de revolvers et assigné des coups durs partout dans son corps.
Pour une deuxième fois , il est reconduit au centre de Tamara où les sessions de torture se poursuivent jusqu’au 22 ou 23 décembre, date de son transfert à Casablanca et sa remise à la brigade nationale de la police judiciaire , dans un état de santé très grave , incapable de parler ou de mouvements , pour lui soumettre un ensemble de comptes rendus à signer.
Il fut informé qu’il sera conduit devant le chef de police , selon eux, le vendredi 24/12/2010.Cependant , à cette date , selon les documents du dossier , il est conduit devant le juge d’instruction du détachement de la cour d’appel de Sela, dans un état difficile , ne pouvant ni parler ni bouger .Le juge procède à l’interrogation préliminaire et retarde le dossier durant tout un mois avant de procéder à l’interrogation détaillée.
La famille a pris connaissance de son destin, après le rapatriement, seulement par l’intermédiaire de la presse, par le journal Le Matin qui a publié un article à ce sujet, et a chargé sa défense actuelle de se mettre à sa recherche et d’assurer le contact avec lui – copie de l’article au journal le Matin no 3330 du 27/12/2010.
Le premier contact de plaignant avec sa défense a eu lieu le lundi 27/12/2010 à la prison locale Sela 2.Il était, alors, incapable de paroles et de mouvements, envahi par une peur et une terreur intense, en présence des gardiens de la prison et de l’adjoint au directeur de la prison , croyant qu’il était toujours entre les mains de ceux qui l’ont torturé depuis son arrivée au Maroc par l’aéroport international Mohammed Cinq à Casablanca.
Il est resté, pendant plusieurs jours, incapable de parole et de mouvements ou de souvenirs de la torture qui lui a été infligé jusqu’au jour où il a été conduit devant le juge d’instruction pour l’interrogatoire détaillé.
Durant tout son séjour à la prison locale de Sela et jusqu’à cette heure, le plaignant a souffert de désordres psychologiques graves l’empêchant de dormir pendant la nuit où on l’entend pousser des cris, de temps en temps, en raison de la torture qu’il a subie.
C’est pourquoi il refusait de présenter sa plainte tant grande était sa terreur de subir la torture encore une fois, surtout qu’il est, depuis son emprisonnement à Salé, dans une cellule séparée.
Depuis sa présentation devant l’institution judiciaire et sa rencontre avec sa famille, il essaye de reprendre souffle et a décidé de présenter cette plainte.
Monsieur le Secrétaire Général
Le plaignant vous adresse cette plainte espérant qu’elle recevra votre bonne attention et votre intérêt.
Il est disposé à confronter et reconnaitre tous ceux qui l’ont torturé, y compris ceux qui ont supervisé son transfert d’Espagne au Maroc, De Casablanca à Tamara et à Nador, ainsi le médecin qui lui a administré les quatre injections ou ceux qui lui ont parlé en dialecte -qu’il maitrise parfaitement – au cours des sessions de torture où à Nador.
Il est disposé à fournir plus de détails à ce sujet.
Ces faits constituent des crimes punissables par le droit pénal marocain, surtout que le Maroc a édicté des lois spéciales incriminant et punissant les faits de torture, de mauvais traitement et l’extorsion de confessions par la pression et la force.
Ces amendements ont été pris dans le cadre de ré-ajustement du droit marocain aux accords internationaux en la matière et signés par le Maroc.
Le plaignant, dès sa traduction à une session de jugement et dès la mise de son dossier devant les juges, s’est senti en plus grande sécurité qui, à son tour, l’a aidé à vaincre la terreur qu’il a vécue pendant la durée de sa détention au Maroc.
Le plaignant nourrit l’espoir que toutes les mesures légales seront prises pour accorder à cette plainte ce qu’elle mérite d’attention en initiant une recherche et une investigation précise , globale et impartiale avec tous ceux qui ont un quelconque rapport avec les faits mentionnés ci-dessus, étant donné que le parquet général, émetteur du mandat international de détention est la partie qui a pris livraison du plaignant des autorités espagnoles qui l’a rapatrié par l’intermédiaire des officiers de police judiciaire qui l’ont accompagné d’Espagne au Maroc et dont l’identité est enregistré auprès du parquet général qui a supervisé l’opération de rapatriement.
Ces officiers qui ont pris livraison du plaignant des autorités espagnoles, l’ont accompagné au Maroc, sont aussi les officiers qui l’ont livré à ceux qui l’ont torturé, assujetti au mauvais traitement. Leur responsabilité morale et pénale est donc engagée.
Monsieur le Secrétaire Général
Le plaignant a subi le mauvais traitement et la torture, sous plusieurs formes, comme il a été détaillé ci-dessus, et par conséquent des préjudices graves au niveau corporel et psychologique dont les traces se font voir encore aujourd’hui.
Le plaignant veut toujours espérer que considération lui sera rendue en instruisant ces faits et déduisant les conséquences légales qui en résultent et en traduisant devant la justice ceux dont la culpabilité sera prouvée.
Vous rendrez ainsi justice et équité.
Sous toutes réserves