LEVER LE GENOU DU RACISME D’ETAT EN BELGIQUE ! Soutenez la lutte pour les droits égaux des binationaux (video + article lesoir.be)
LEVER LE GENOU DU RACISME D’ETAT EN BELGIQUE
Le jeudi 18 juin avait lieu une audience devant la Cour constitutionnelle, sollicitée par Ali et Farida Aarrass afin de se prononcer sur la portée discriminatoire du Code consulaire qui, depuis mai 2018, vise à nier le droit des binationaux à une assistance consulaire. Un événement d’une importance politique capitale qui a permis de questionner, devant cette haute juridiction chargée de veiller à l’application des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution, les soubassements juridiques du racisme d’Etat en Belgique. Plus d’informations suivront.
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Un article de Baudouin Loos Journaliste au service Monde
Comment l’article 79 a-t-il pu être adopté au pas de charge en 2018 à l’unanimité des partis politiques (sauf le Vlaams Belang) ?
« Binationaux: le code consulaire belge est-il discriminatoire?
Tous les Belges n’ont pas droit à l’assistance consulaire. Les binationaux se trouvant dans leur autre pays en sont privés. Nombreux sont ceux qui veulent modifier la loi. Le 2 mai dernier, un premier groupe de citoyens disposant de la double nationalité, belge et marocaine, avait pu regagner Bruxelles National en provenance de Casablanca.
Le 2 mai dernier, un premier groupe de citoyens disposant de la double nationalité, belge et marocaine, avait pu regagner Bruxelles National en provenance de Casablanca. – Belga.
Les Belges sont-ils tous égaux devant la loi ? La question peut surprendre mais la réponse ne semble pas du tout évidente. Surtout depuis une révision du code consulaire adoptée en 2018. Celle-ci est au cœur d’un recours devant la Cour constitutionnelle, qui a entendu les plaidoiries ce 18 juin. Cette action porte sur plusieurs articles du code, mais contentons-nous ici d’envisager l’article 79 qui concerne l’assistance consulaire.
De quoi s’agit-il ? Selon le site des Affaires étrangères belges, « l’assistance consulaire est l’aide que les Belges à l’étranger reçoivent du Service public fédéral Affaires étrangères en cas de difficultés à l’étranger ». Les cas prévus sont nombreux, depuis le décès ou l’accident grave jusqu’à l’arrestation en passant par une situation d’extrême urgence, etc. Or cet article 79, en vigueur depuis le 1er juin 2018, dit ceci : « Ne peuvent prétendre à l’assistance consulaire les Belges qui possèdent aussi la nationalité de l’État dans lequel l’assistance consulaire est demandée, lorsque le consentement des autorités locales est requis ».
Quand le Covid-19 s’en mêle…
L’actualité la plus récente a alimenté la polémique. Une partie des milliers de binationaux belgo-marocains coincés au Maroc par la crise du coronavirus et la fermeture des frontières par ce pays à la mi-mars s’est sentie abandonnée lorsqu’il est apparu que son rapatriement posait problème. Les Affaires étrangères belges ont certes ensuite déployé beaucoup d’efforts pour faire revenir en Belgique un maximum de personnes sans distinguer, clamaient-elles, entre nationaux et binationaux, mais, souvent, la référence à l’article 79 du code consulaire était invoquée par les binationaux frustrés. Comme nous le dit Me Dounia Alamat, qui plaidait ce jour devant la Cour constitutionnelle, « l’article 79 instaure une exclusion pour les binationaux, même ceux qui ne peuvent se défaire de leur autre nationalité [comme les Belgo-Marocains, NDLR]. Si l’on pensait au départ aux personnes emprisonnées, l’on sait que cette disposition a maintenant une portée plus large ».
La référence aux « personnes emprisonnées » fait écho au sort réservé à Ali Aarrass, binational belgo-marocain qui avait été condamné au Maroc à 12 ans de prison pour terrorisme (sur base d’aveux extorqués sous la torture, comme un rapport de l’ONU en atteste) et auquel les Affaires étrangères avaient d’abord refusé l’assistance consulaire. L’affaire n’est pas terminée, alors que l’intéressé est sorti de prison, peine purgée, mais reste coincé à Rabat : en 2014, ses avocats avaient fait condamner la Belgique par la justice belge en première instance et en appel mais la Cour de cassation a cassé le dernier verdict pour des raisons complexes de technique juridique. Ali Aarrass et ses avocats ont maintenant porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.
« Une sous-catégorie de Belges »
Le recours contre l’article 79 du code consulaire est introduit notamment par Ali Aarrass et sa sœur Farida, ainsi que par la Ligue (belge) des droits humains. Cette dernière parle de « discriminations » : la loi « crée une sous-catégorie de Belges puisque les binationaux n’ont pas droit à l’assistance consulaire lorsqu’ils se trouvent dans le pays de leur autre nationalité. Ceci est contraire à l’égalité des Belges devant la loi. Cette restriction au droit à l’assistance consulaire n’est pas justifiable. Premièrement, la Belgique a le droit, en droit international, de défendre tous ses nationaux, sauf pour l’État tiers à démontrer qu’ils n’ont pas de liens prépondérants avec la Belgique. Deuxièmement, certains États ne prévoient aucune possibilité de renoncer à leur nationalité. Dans ces hypothèses, comme celle des Belgo-Marocains, la nationalité ne procède aucunement d’une volonté du binational. Troisièmement, cette exception au droit à l’assistance consulaire permet au ministre des Affaires étrangères de choisir pour qui il intervient ou non, ce qui est vecteur d’arbitraire ».
Vers une abrogation rapide ?
Comment l’article 79 a-t-il pu être adopté au pas de charge en 2018 à l’unanimité des partis politiques (sauf le Vlaams Belang) ? Comment, de son côté, le Conseil d’État n’y a-t-il pas non plus vu de discriminations ? D’aucuns pointent le doigt vers Didier Reynders, alors ministre des Affaires étrangères, pressé d’en finir avec les requêtes qui concernaient Ali Aarrass. En tout cas, certains regrettent d’avoir voté la révision du code : Écolo, le PS et Défi ont ainsi déposé une proposition de loi visant à abroger l’article incriminé.
Le texte a été discuté en commission des Affaires étrangères ce 17 juin, et il a été décidé de procéder à des auditions d’experts dans les prochaines semaines. « Je pense que le sentiment d’injustice dans une partie de la population n’est pas complètement infondé, nous explique le député Écolo Samuel Cogolati, qui promeut la révision de la loi. L’adoption de cette clause discriminatoire est une erreur qu’il convient de corriger au plus vite ».
Les avocats belges d’Ali Aarrass font le point (10 juin 2020). La campagne Free Ali lance un appel à votre solidarité !
(Photo Ali Aarrass juin 2020)
L’équipe de défense belge – Dounia Alamat, Nicolas Cohen et Christophe Marchand – nous écrit :
» Bonjour à toutes et à tous,
Vous qui suivez et soutenez Ali AARRASS depuis toutes ces années. Ce petit mot pour vous tenir informés de la situation « juridique » dans cette affaire complexe.
Comme vous le savez, le 2 avril 2020, Ali a enfin été libéré. Cela a été un grand soulagement pour nous tous. Malheureusement, la crise liée au COVID19 est venue assombrir ce moment de joie.
Nous avions pris contact avec l’ambassade belge à Rabat depuis bien longtemps, afin de faciliter la sortie immédiate d’Ali du Maroc, pour qu’il puisse rejoindre l’Espagne.
Le 2 avril 2020, la Direction générale des établissements pénitentiaires marocaine avait fait savoir qu’elle était prête à organiser le trajet d’Ali jusqu’à Rabat puis la frontière espagnole. Ce jour-là, Ali s’est bien fait délivrer un passeport mais, malgré tous nos efforts, la transmission des informations et des pièces justificatives aux autorités espagnoles pour qu’il soit autorisé à rejoindre sa fille, son épouse, sa sœur et son père Melilla, l’Espagne a refusé de lui délivrer un laissez-passer.
Heureusement, grâce à la solidarité d’une famille extraordinaire, Ali disposait d’un lieu d’hébergement. Nous le pensions très provisoire. Hélas la situation ne s’est toujours pas débloquée.
Pour essayer de sortir Ali de cet enfer, nous avons cherché l’appui des autorités consulaires belges. D’abord réactives, celles-ci n’ont ensuite pas confirmé l’inscription d’Ali sur les listes de Belges devant bénéficier d’un rapatriement humanitaire urgent. Nous avons dès lors déposé une requête unilatérale pour obtenir la garantie que tout serait mis en œuvre par la Belgique pour permettre à Ali de quitter le pays de son calvaire. Débouté en première instance, nous avons interjeté appel. La Cour d’appel a heureusement fait droit à notre requête et donné injonction à l’Etat belge d’apporter son appui à Ali.
Cette décision est directement exécutoire et l’Etat belge a donné suite aux injonctions qui lui ont été faites. Toutefois, l’Etat belge a introduit une « tierce opposition », ce qui fait que l’affaire doit revenir devant la Cour d’appel. A suivre…
Nous avons parallèlement, en collaboration avec Me GALAN MARTIN, interpellé les autorités espagnoles. Comment est-il possible, en effet, après ce qu’a fait cet Etat – sans lui, Ali n’aurait jamais été torturé ! – qu’on lui refuse de pouvoir rejoindre les siens à Melilla ?
Rien n’y a fait. L’Espagne a maintenu son refus d’autoriser le passage de la frontière à Ali, en invoquant une législation discriminatoire, en ce sens que, partout ailleurs en Espagne, les résidents, ressortissants de l’Union européenne, ont le droit de rejoindre leur domicile. Ce refus est d’autant plus inhumain que la situation sanitaire, tant au Maroc qu’à Melilla, n’a jamais été inquiétante.
Cette décision nous semble donc … crapuleuse. Nous avons dès lors introduit une demande de mesure urgente auprès du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, pour tenter de contraindre l’Espagne à autoriser le passage de sa frontière. Nous avons notamment basé notre action sur les conséquences dramatiques de l’extradition illégale opérée par cet Etat. Encore tout récemment, le 29 novembre 2019, le Comité contre la torture des Nations Unies a constaté que les conditions de détention infligées à Ali, durant des années, étaient constitutives de torture, traitements cruels, inhumains et dégradants.
Malheureusement, le Comité des droits de l’Homme ne nous a pas suivi pour cette demande urgente. Reste que cette procédure est introduite et qu’il convient de la poursuivre afin de faire condamner une deuxième fois l’Espagne pour son refus d’assister Ali, pour la violation discriminatoire de son droit à la dignité humaine et à la vie familiale.
Depuis des semaines, nous œuvrons, de concert avec la famille AARRASS et ses proches, afin de permettre à Ali de rentrer chez lui. Nous sommes atterrés de constater que ni les instruments juridiques, ni l’interpellation des instances politiques et humanitaires ne nous ont permis d’atteindre ce résultat. Il semble en effet qu’Ali devra attendre la fin du confinement pour pouvoir être parmi nous, qui attendons ce jour depuis si longtemps…
Et nous espérons que ce jour pourra advenir avant le 18 juin 2020. Car, Ali et sa sœur Farida sont montés au front pour tous les ressortissants belges disposant d’une double nationalité. Après l’introduction d’un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme sur cette problématique, toujours en cours de traitement, ils ont été à l’initiative du recours introduit devant la Cour constitutionnelle contre la réforme du Code consulaire, qui a inscrit, dans notre législation, la discrimination fondée sur ce critère de double nationalité en matière d’aide consulaire.
Le 18 juin 2020, se tiendra l’audience devant la Cour constitutionnelle. Il serait formidable qu’Ali et sa sœur puissent être là, dans la salle, face aux juges ».
MERCI pour vos dons (mars-juin 2020) pour aider à la réinsertion d’Ali :
I.T. 40€, C.A. 50€, B.R. 50€, Z.S-E. M. 170€, T.M. 20€, A.C. 30€, B.A.M. 10€, M.D. 250€, N.D. 100€, C.M-F. 200€, G.-G. 100€, K.-H.S. 20€, B.S. 50€, B.K. 5€, N.D. 100€, B. N. 20€, B.J. 20€, R.C. 30€, M.S. 30€, B.S. 50€, G.V. 50€, B.K. 100€, S.M. 50€, B.A. 100€, O.J. 30€, E.K.N. 10€ , C.T. 20€, H.M. 25€, O.P. 100€, E.Y.C. 15€, Y.B. 20€, G.A. 50€, W.E. 70€, V.S. 100€, D.R.M. 100€, T.M. 150€, S.H. 20€, E.T.A+B 50€, B.A.M. 50€, J.J. 100€, C.P. 100€, E.B.S. 100€, N.F. 150€, O.C. 150€, A.T. 200€, E.T. 200€, J.S. 10€, H.F. 11€, H.Y. 15€, Y.F. 20€, S.F. 20€, B.H. 20€, C.Y. 25€, C.L.R. 30€, C.K. 30€, M.B. 30€, S.F. 50€, A.M. 50€, H.H. 50€, S.R. 50€, M.O. 50€, A.S. 60€, Z.M. 150€, C.L.A.B. 300€, I.M.M. 10€, G.M. 10€, T.J. 10€, M.K. 15€, S.S. 15€, A.M.A. 25€, S.- O. 50€, M.L. 100€, Z. S-E. M 100€, M.B. 10€, M.T. 100€, C. M-F 200€, B.R. 10€, C.M. 25€, S.M. 20€, R.C. 30€, T.I. 50€, C-A. B. 100€, G.A. 150€, M.R. 200€, C.V. 30€, B.N. 500€, P.A.T 1500€, K.A. 50€, H.T. 100€, G.M. 500€, F.E.H-C. 30€, B.J. 20€, A.T. 200€, N.R. 5€, C.A. 50€, S.M. 10€, C.M-F. 200€, B.R. 50€, E.H.Y.Y. 20€, N.M. 50€, D.M. 50€, M.S. 60€, H.L. 5€, B.N. 20€, B.K. 20€, G-M. 50€, H.H. 50€, L.M. 50€, M.E-O. 100€, A. J. 20€,
APPEL !!!
(illustration : www.togbeirut.com)
Merci de nous aider à payer les frais de toutes les démarches juridiques, décrites dans cette lettre des avocats.
Ali Aarrass rentrera en Belgique en ne possédant absolument absolument rien. Il n’a pas de travail, pas de revenu. Il a besoin d’un appartement, d’une garantie locative de deux mois, plus au moins deux mois de loyer. Il n’a aucun mobilier, il n’a même pas de vêtements. Il devra également faire une revision globale médicale, psychologique et physique, ophtalmologie et dentiste…
Merci de continuer à nous soutenir ! Nous vous remercions d’avance d’effectuer vos dons au numéro de compte suivant : BE69 0016 7484 8678 de Farida Aarrass avec la mention « Ali libre ».
Une lettre d’Ali Aarrass au journal Le Soir : «Je me sens toujours enfermé». Un article de Baudouin Loos (14 mai 2020)
Nous avons reçu un email envoyé depuis Rabat par Ali Aarrass. L’ex-prisonnier réside, depuis sa libération le 2 avril dernier, dans une famille qui l’héberge amicalement dans la capitale marocaine en attendant son rapatriement en Belgique.
Le coronavirus et ses conséquences auront chamboulé ses espoirs de retour rapide puisque les frontières terrestres, maritimes et aériennes sont closes au Maroc. Pourtant, l’ambassadeur belge à Rabat avait affirmé qu’il figurait parmi les binationaux qui pourraient bénéficier d’une place sur un des vols humanitaires organisés ces deux dernières semaines par la Belgique. Les autorités belges indiquent que c’est maintenant le Maroc qui tarde à donner le feu vert au départ d’Ali Aarrass. Un dernier vol est prévu ce vendredi.
Ali Aarrass ne cache pas son désarroi car après douze années d’incarcération très pénible subies au terme d’une condamnation basée sur des aveux arrachés sous la torture, son plus vif désir est de retrouver sa famille.
« Je ne peux pas encore jouir de ma liberté »
« Vous savez qu’on m’a traité de tous les noms, écrit-il. Mais le pire est celui de terroriste ! Je vous rappelle que je suis toujours ici bloqué, après ma libération. Aujourd’hui, je suis très fatigué, exténué, loin de ma famille. Je me demande pourquoi, alors que je suis censé être sur la liste des plus vulnérables et urgents… Après douze années loin de ma famille, je me sens toujours enfermé entre quatre murs, impuissant, je ne peux pas encore jouir de ma liberté. »
La requête du Belgo-Marocain contenue dans son message consiste surtout à nous demander de publier l’hommage qu’il a rédigé en l’honneur de sa sœur Farida. De Bruxelles, en effet, celle-ci n’a ménagé aucun effort pour mobiliser les solidarités pendant la longue période d’emprisonnement subie par son grand frère. Elle s’était rendue en mars à Melilla, l’enclave espagnole au nord du Maroc où vit leur père, dans l’espoir d’y accueillir Ali après sa libération. Le Covid-19 l’a également piégée là-bas. Le site freeali.be a publié la lettre d’Ali à sa sœur.
Contactée à Melilla, Farida Aarrass ne cache pas le mélange de désarroi et d’irritation qui l’étreint. « On a le sentiment que ça n’en finira plus, explique-t-elle. On est épuisé moralement. Ali est extrêmement fragilisé après tout ce qu’il a vécu comme injustices depuis douze ans et maintenant cette situation… Hier encore, il me disait son dégoût profond d’avoir à porter cette étiquette de “terroriste” et toutes les conséquences depuis tant d’années, alors qu’il est tout l’opposé. Mais il n’a pas de haine. Il a un cœur immense. Il reste malgré tout très confiant et pense que la vérité sur toute cette immense injustice se saura un jour. »
« Oh le Chœur d’Ali ! Vos voix ont traversé les murs de la prison où j’étais », une lettre d’Ali Aarrass
Oh le groupe du Chœur d’Ali,
Chaque fois que je croise une femme enceinte, je souhaite qu’elle mette au monde un poète ou un artiste…
L’écho de vos voix ont traversé les murs de la prison où j’étais, pour enfin entrer dans ma cellule.
Vous avez aussi illuminé mon cœur en étant dans l’obscurité de l’isolement par vos prières et vos pensées.
Vous formez une sacré équipe! Solide, soudée comme un seul corps.
Merci d’avoir toujours été là, toujours présentes, pieds fermes durant des mois pour les répétitions et avec la patience et l’espoir de ce sacrifice pour arriver à avoir enfin un grand succès.
Durant tout ce temps, j’ai prié pour vous depuis ma cellule et sur mon gravât.
Mes pensées et mon cœur étaient avec vous.
Je ne vous remercierai jamais assez, croyez-moi.
Aussi, je vous demande de persévérer sur cette voie légitime et digne de l’être humain, une fois encore, oh le groupe du Chœur d’Ali.
Les messages de votre sublime succès a touché beaucoup de cœurs et fut partagés avec d’autres hommes et femmes bien sûr.
Aujourd’hui, je suis toujours bloqué par le confinement et j’attends mon rapatriement en Belgique.
Et croyez-moi que j’ai très envie de vous retrouver toutes un jour pour vous écouter, apprendre de vous car je dois rattraper le temps qu’ils m’ont dérobé.
Je vous demande de rester toujours unies comme les doigts d’une main, inséparables car vous remplissez les conditions d’un travail formidable: celui d’éveiller la conscience de l’être humain et digne de l’être, en lui donnant l’espoir, le courage et sa noblesse ; en étant fier de lui-même, en faisant face aux discriminations, aux inégalités, au racisme et à toutes les injustices.
Oh le groupe du Chœur d’Ali,
C’est grâce à vous aussi qu’aujourd’hui, je me sens pousser des ailes. Ne poussent-elles pas avec nos désirs?
C’est aussi grâce à des femmes comme vous que vous arrivez à construire la solidarité des vivants, des survivants et des morts.
Vous le groupe du Chœur d’Ali,
Vous l’avez ressenti en brisant ce maudit silence, vous avez gagné nos cœurs à tous.
Vous nous avez dit: « marchez la tête haute et ne rasez plus les murs en marchant! »
Quant à moi, j’ai toujours aimé la beauté dans sa simplicité: élégance du geste, du mot, du regard et de la démarche ; de la pudeur, de la courtoisie, de la joie mesurée.
Aujourd’hui, l’humain est plus que l’homme et la femme. Il est la terre, la mer, le ciel, les autres planètes.
Oh l’humain,
Montre-nous ton visage, fais-nous écouter le timbre de ta voix.
Ne crains pas le silence du pays, traduis-le dans ta langue.
Nous devons être debout!
Libère tes mains et ton regard, avance vers les autres…
Et n’oublions pas l’essentiel, le Sacré, l’Homme digne de ce nom.
Nous ne devons pas oublier non plus que l’Homme n’est Homme que s’il se convertit à l’humanité.
Et pour finir, je vous laisse imaginer l’envie d’être là, après ces longues années.
Ce serait un honneur pour moi de vous rejoindre.
A très bientôt, Oh groupe du Chœur d’Ali,
Merci infiniment,
Ali
« Toi, mon autre moitié », une lettre d’Ali Aarrass
Cet hommage est pour une femme qui durant toutes ces années n’a pas cessé de m’épater et me surprendre par son courage, sa détermination, son endurance.
Tous ceux et celles qui l’ont fréquentée et côtoyée me l’ont fait savoir par courrier en prison.
Ils témoignent qu’elle est une femme courageuse, généreuse, cohérente, sincère et j’en passe…
Tu sais, ils ont dit vrai.
Tu es plus que cela encore.
Tu es un cadeau précieux que Dieu nous a offert pour ce monde.
Tous ceux qui ont frappé à ta porte pour demander de l’aide, tu leur as ouvert ton cœur.
Ici, aujourd’hui, je me rends compte une fois de plus que je ne pourrai jamais lui rendre tout le mal causé et les souffrances endurées durant toutes ces années.
Tu es un exemple pour le monde.
Tu as commencé d’un rien pour arriver à ceci aujourd’hui.
Alors, avez-vous deviné de quelle femme s’agit-il?
OUI! C’est bien de ma prunelle, mon autre moitié, Farida Aarrass que je parle.
Aussi, je sais que c’est grâce à toi, avec ton courage, ton endurance pour ce que nous croyons juste et sacré que nous pouvons nous réjouir de ce moment tant espéré.
Je savais depuis mon isolement que tu serais brutalisée, insultée, agressée par des individus sans scrupule, sans dignité et lâches.
Tu sais pourquoi?
C’est parce que ils savent très bien que tu étais déterminée à finir ce que tu avais commencé et cela leur a fait très mal.
Aussi, parce qu’ils ne connaissent pas ce que c’est que l’AMOUR FRATERNEL.
Je me rappelle encore aujourd’hui le premier coup de téléphone de la prison (BADAJOZ en Espagne), tu m’as posé la question: « Ali, ne mettrais-tu pas la main au feu pour moi? »
Depuis ce jour-là, j’ai su que rien ne pourrait t’arrêter.
Et maintenant, je veux que tu saches que moi, ton autre moitié, ta prunelle ne mettrait pas ma main au feu pour toi mais plutôt tout mon corps pour toi et si c’était à refaire, je le referais.
Je veux que tu saches que tu as toujours été mon identité à moi.
Par ton honnêteté, ton intégrité, ton amour pour l’humanité, ton courage, ton audace, ton assurance, ton authenticité, et ta bienveillance à autrui, tu n’as jamais eu peur de tomber ou d’échouer.
Et quant à ceux qui te veulent du mal, ils seront apprivoisés.
Moi, ton autre MOITIE,
Ali
(fr/Engl) Un message d’Ali Aarrass : « Restez forts, soudés ; si je suis là, c’est parce que vous êtes toujours là » (mai 2020)
J’ai attendu ce moment tant inespéré avec l’espoir de vous retrouver tous, un jour.
Un jour, ce sera réel.
Alors, je pourrai dire que je serai vraiment plus privilégié encore.
Aujourd’hui, c’est une bataille de plus de gagnée!
Mais le combat continue avec, ou sans moi!
Au long de toutes ces années de lutte et de sacrifices que vous avez consacrées contre toutes ces injustices commises à travers le monde, vous comprendrez que je ne peux rester indifférent.
Ma conscience ne me le permet pas.
Sincèrement, je suis fier de vous.
Je suis à présent coincé ici.
Et, je ne suis pas là pour vous convaincre ou donner des leçons mais plutôt pour écouter et apprendre de vous.
Aussi, je suis très assoiffé et affamé depuis toutes ces longues années d’isolement.
Aujourd’hui, plus que jamais, je veux rêver, regarder plus loin encore que ces quatre murs maudits de là où je viens.
Maintenant, l’horizon s’est ouvert devant moi malgré ce confinement.
Donc, pas d’excuses ou d’arguments à vous donner, n’est-ce pas?
Il est urgent d’arrêter de regarder derrière soi mais plutôt d’avancer pas à pas. Il est important d’y croire et d’avoir confiance en soi. Et peu importe le peu que nous possédons, l’important est de mettre son grain de sable et d’endurer pour affronter le chaud et le froid avec l’espoir qu’un jour, nous ou nos enfants puissent récolter le fruit de nos efforts.
Ne nous sous-estimons pas. Chacun de nous a son savoir-faire et ses capacités dans tous les domaines. Donc pas d’excuses, pensez-y!
Voyez-vous ce que je vois et imagine devant moi?
Là, ici, je vois des hommes et des femmes convaincues de terminer et capables de transmettre au monde, la vérité. Cette vérité que d’autres essayent de cacher. Tout ce qui nous est demandé, c’est de persévérer sur ce chemin qu’on croit juste et légitime.
Et pour finir, je vous rappelle que durant toutes ces années d’isolement, le néant, j’en ai bavé!
Mais il y a une chose que personne ne m’enlèvera jamais: ma dignité d’HOMME LIBRE.
Aussi, je me suis accroché à ma famille bienveillante et bien sûr, à vous tous de l’autre côté de la mer.
Aussi, j’aimerais remercier tous les autres membres du comité qui ont marqué leur présence.
A savoir que c’est grâce à vous qu’on a vu des jours meilleurs dans les prisons. Par ce travail extraordinaire, ne vous arrêtez jamais.
Restez forts, soudés ; si je suis là, c’est parce que vous êtes toujours là.
Merci infiniment et merci d’être toujours là,
Ali
(English, translation Frances Webber)
Dear friends,
I have waited so long for this unexpected moment, with the hope of meeting you all, one day.
One day this will be real. Then, I can say I’ll be even more privileged.
Today, it’s another battle won.
But the fight continues, with or without me. Through all these years of sacrifice and struggle against all the world’s injustices, you understand that I can’t stay indifferent. My conscience won’t let me.
I am sincerely proud of you.
Currently I’m stuck here. And I’m not here to convince you or teach you anything but to listen and learn from you.
I’m hungry and thirsty after those long years of isolation. More than anything, today, I want to dream, to look further, beyond those cursed four walls I’ve come from. Now, the horizon is open before me, despite this confinement. So, no excuses or arguments to give you. Time to stop
looking behind, but to go forward, step by step. Time to believe in it, have confidence in oneself, and it doesn’t matter how little you have: the important thing is to bring your grain of sand, and to endure in face of the heat and the cold in the hope that one day our children will reap the harvest of our efforts.
We must not under-estimate ourselves. Each of us has knowledge and capacities in all fields. No more excuses, think about it!
Do you see what I can see and imagine in front of me? There, here, I see men and women convinced and capable of communicating the truth to the world. The truth that others try to hide.
All that is asked of us is to persevere along the path that we believe is just and legitimate.
Finally, I want to remind you that during those years of isolation, I felt the void. But there is one thing that no one can ever take from me, and that is my dignity as a FREE MAN. Also, I held on to my loving family and of course, to all of you on the other side of the sea.
I would like to thank all the other committee members who marked their presence. To know that thanks to you, there were better days in the prison. This extraordinary work, don’t ever stop it!
Stay strong and united, and remember that if I’m here it’s because you are still there.
My infinite thanks, for always being there.
Ali
La libération d’Ali Aarrass J-0: Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant : Hommage à Ali et Farida Aarrass
Demain vous entendrez peut-être parler d’Ali Aarrass, ce citoyen belgo-marocain, détenu injustement dans les prisons marocaines depuis 12 ans. Au fil du temps il est aussi devenu le visage d’une cause, celle de la lutte pour l’égalité des droits à l’égard des citoyens binationaux. Ali sera libéré demain après des années de souffrance, de torture et de séparation des siens.
Vous n’entendrez peut-être pas parler de Farida. Au cas où, je prends les devants. Et je m’en charge.
Farida Aarrass c’est sa sœur. Et quelle sœur. Elle s’est battue comme une lionne pour faire libérer son frère. Elle a multiplié les procès pour obtenir sa libération, pour lui permettre de bénéficier d’une assistance consulaire, pour lui permettre d’être traité avec un minimum de dignité. Elle a rameuté ses proches, et les proches de ses proches, jusqu’à mobiliser des milliers de citoyen-ne-s. Elle a persuadé les plus grosses ONG actives dans le domaine des droits humains de soutenir Ali. Elle a chanté pour lui. Jusqu’à remplir plusieurs fois d’affilée, avec ses amies, la grande salle du théâtre national pour un spectacle aussi édifiant qu’émouvant.
Mais Farida c’est aussi l’infatigable militante des droits de toutes et de tous. Je l’ai croisée dans toutes les luttes depuis le premier jour de mon premier mandat. Elle a été proche des familles roms refoulées de la gare du Nord, elle a monté des tentes, cuisiné les marmités à la chaîne. Elle est restée présente dans toutes les occupations précaires. Dans toutes les manifestations. Toujours présente quand il s’agissait d’être utile. Simplement utile.
Surtout, elle a l’enthousiasme communicatif. Elle a inspiré des dizaines de jeunes. Elle leur a transmis sa grande intelligence sociale, sa capacité d’empathie, son enthousiasme, sa solidarité naturelle. Et quand vous verrez une myriade de jeunes avec des vestes fluo, siglées ESG ( Engagés, Solidaires et Généreux) qui distribuent des repas aux abords des gares, dites-vous qu’elle n’y est pas pour rien.
Demain, à cause de cette saloperie de virus et de la fermeture des frontières elle ne pourra pas fondre dans les bras de son frère. Mais ce sera quand même un jour de fête. Sa fête. Bonne fête Farida.
La libération d’Ali Aarrass J-0, un message du London Friends of Ali Aarrass (English, français)
The London Friends of Ali Aarrrass welcome Ali’s release from a Moroccan prison following over nine years of incarceration, ill-treatment and injustice – twelve years including his detention in Spain.
Although Ali did not achieve justice at the hands of the Moroccan authorities, he has inspired thousands of people across Europe and beyond with his courage, tenacity and dignity during the long struggle, which has also brought home the reality of the ‘war on terror’. While the Moroccan authorities bear primary responsibility for his torture and wrongful imprisonment, the Spanish government which extradited him and the Belgian government which refused assistance to one of their own nationals must also be held accountable.
It is sad that Ali Aarrass’s release coincides with the Covid-19 crisis which is likely to make his life more difficult in the short term. We hope that Ali will be able to enjoy a period of rest and recuperation with his family. We salute him and wish him well.
Les Amis de Londres d’Ali Aarrrass se félicitent de la libération d’Ali d’une prison marocaine après plus de neuf ans d’incarcération, de mauvais traitements et d’injustice – douze ans dont sa détention en Espagne.
Bien qu’Ali n’ait pas obtenu justice de la part des autorités marocaines, il a inspiré des milliers de personnes à travers l’Europe et au-delà avec son courage, sa ténacité et sa dignité au cours de la longue lutte, qui a également révélé la réalité de la « guerre contre le terrorisme » .
Si les autorités marocaines sont les principales responsables de sa torture et de son emprisonnement injustifié, le gouvernement espagnol qui l’a extradé et le gouvernement belge qui a refusé l’aide à l’un de leurs ressortissants doivent également être tenus pour responsables. Il est triste que la libération d’Ali Aarrass coïncide avec la crise de Covid-19 qui risque de lui rendre la vie plus difficile à court terme. Nous espérons qu’Ali pourra profiter d’une période de repos et de récupération avec sa famille. Nous le saluons et lui souhaitons bonne chance.
Video de 2O12 : the London Friends of Ali Aarrass devant l’ambassade marocaine à Londres
Lifeline pour Ali Aarrass : MERCI aux donateurs !
Lifeline pour Ali Aarrass : MERCI aux donateurs ! (picture : Banksy, there is always hope)
Les dons reçus du 4 au 26 mars :
KB 200, MF 150, MA 15, MM 25, VS 50, EF 30, NBM 10, KS 25, CM 25, CW 30, MK 2,36, TI 50, BS 20, MD 250, GC 7, BA 20, GL 5, DM 20, AJ 20, JLE 20, HI 20, RR 25, EAF 200, NM 50, EHHYY 20, BR 50, CMF 200, SM 10, NR 5, CA 50, AT 200, BJ 20, FEHC 30, GM 500, HT 100, KA 50
« …le Comité Free Ali lance une dernière campagne de soutien financer, avec l’objectif de récolter un maximum de fonds en 30 jours. La somme réunie, que nous nous engageons à vous communiquer en toute transparence, sera remise à la famille d’Ali au moment de sa libération. Tout geste, même minime, compte. L’essentiel est de faire perdurer ce formidable élan de solidarité qui a grandement contribué à sauvegarder la dignité d’un homme opprimé. Nous vous remercions d’avance d’effectuer vos dons au numéro de compte suivant : BE69 0016 7484 8678 de Farida Aarrass avec la mention « Ali libre »….
Lire l’article : 30 jours pour Ali Aarrass. Ultime appel aux dons.
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