Soutenez et visitez les grévistes de la faim pour Ali Aarrass à Bruxelles ! Jour 7 : Christine Pierard et Djé
Radio Campus : Midi Express sur la situation d’Ali Aarrass (3 novembre)
On parle avec Julie Jaroszewski de Ali Aarrass, enfermé depuis huit ans et victime de torture au Maroc.
Cliquez pour le podcast : Midi Express: Ali Aarrass
A la Place poelaert : Grève de la faim tournante pour Ali Aarrass : je participe, je visite, je soutiens !
Le camp de la grève de la faim tournante pour Ali Aarrass a été deplacé à la Place poelaert, au niveau de la statue, car a l’endroit ou nous étions le niveau de sécurité a été monté a 3 pour un evenement politique de deux jours. Nous retournerons au petit Sablon, devant le Palais d’Egmont, ensuite.
Il faut des couvertures en plus car il y fait tres froid.
C’est Christine Pierard qui prend la relève aujourd’hui. N’oubliez pas de passer la soutenir!
Le camp de la grève de la faim tournante pour Ali Aarrass.
« Ali Aarrass, l’agonie d’un pas assez Belge », par Anne Löwenthal
2 novembre, 2015
Chaque fois que je pense à Ali Aarrass, je vois ces yeux.
Ce sont ceux de sa soeur, Farida. Des yeux magnifiques, immenses, qui vous transpercent. Ceux d’une femme, d’une mère, d’une fille, d’une soeur que j’ai croisée sans même savoir qu’elle était celle de cet Ali dont je connaissais vaguement l’existence dans une prison quelque part au Maroc.
J’ai connu Farida parce que j’ai eu besoin d’elle. Pour des sans-abris. Et qu’elle avait créé l’asbl ESG (Engagés, Solidaires et Généreux) qui lutte au quotidien pour une société sans discrimination et sans laissés-pour-compte en organisant notamment des distributions de repas aux plus démunis, « qu’ils soient de « souche » ou pas, qu’ils soient barbus, voilés ou pas, noirs ou blancs, qu’ils aient les papiers ou pas ».
J’ai connu Farida et elle m’a raconté son frère. Un gars de 10 ans de plus que moi, né en Espagne de parents marocains et donc marocain de naissance et pour la vie, puisque cette nationalité, on ne peut pas la perdre ni y renoncer. D’Espagne, Ali et une partie de sa famille sont venus vivre en Belgique, où il a accédé à la nationalité belge. En 1993, il a fait son service militaire en Belgique. Il s’est marié en Belgique, il a travaillé en Belgique et s’est occupé de sa mère. Il n’a jamais eu de problème avec la justice belge. Il n’est retourné vivre en Espagne qu’en 2005, pour rejoindre son père, qui prend de l’âge. Il a une fille.
Le 3 novembre 2006, soupçonné par l’Espagne de trafic d’armes pour des groupes terroristes, il est arrêté puis libéré faute de preuve. Le 1e avril 2008, il est arrêté à nouveau, cette fois à la demande des autorités marocaines, qui disent avoir de nouvelles accusations de terrorisme à son égard. Il est maintenu en isolement pendant 3 ans et est extradé vers le Maroc, malgré de sérieux risques de torture. Il nie avoir commis les faits dont on l’accuse et il est torturé pendant 12 jours dans un centre secret, où il finit par avouer pour que ça cesse. Envoyé ensuite en prison, il y porte, selon les témoignages de ses codétenus, des traces des sévices subis.
Malgré ses plaintes, aucune enquête n’est menée sur les accusations qu’on lui porte ni sur les sévices endurés. Son corps n’est examiné par les autorités marocaines qu’un an après les tortures subies. Ses plaintes sont rejetées et ses aveux, obtenus sous la torture, sont retenus contre lui par le Tribunal. Il est condamné à 12 ans de prison pour usage illégal d’armes à feu et participation à un groupe projetant de commettre des actes terroristes. En prison, il est victime de multiples maltraitances, parmi lesquelles être forcé de rester nu et empêché de dormir la nuit.
La mobilisation, menée par sa soeur Farida, est énorme : de nombreux citoyens, Amnesty, des parlementaires belges et européens, le MRAX, la Ligue des Droits de l’Homme et même le comité des Droits de l’Homme des Nations Unies ont réclamé et réclament encore justice.
La Belgique, quant à elle, refuse une assistance consulaire à Ali Aarrass au prétexte de sa binationalité. Le Ministère des Affaires étrangères affirme veiller à ce qu’il soit bien soigné en prison et c’est tout.
Ali Aarrass a entamé il y a 70 jours une grève de la faim. Ce n’est pas la première, mais ça sera probablement la dernière. Car très rares sont ceux qui survivent à plus de 70 jours de grève de la faim. Et le corps d’Ali Aarrass porte déjà les séquelles des tortures endurées.
Ajourd’hui, Farida est allée voir son frère en prison. Elle est sortie ravagée par le chagrin. Ce même jour, Didier Reynders a souhaité une belle semaine à ses amis Facebook…
Dernières images d’Ali Aarrass, il y a un mois.
Au-delà de ce dossier et de la lâcheté impardonnable de notre gouvernement, c’est bien entendu toute la question de la binationalité qui est posée : est-on réellement tous égaux devant la justice belge? Mérite-t-on l’indifférence de nos autorités parce qu’on a une double nationalité? Alors même qu’il est impossible d’y renoncer? Y a-t-il une seule bonne raison d’infliger des tortures à un être humain? A-t-on le droit de rester passif face à la mort d’un être humain pour ne pas créer d’incident diplomatique? Que vont penser tous ces belgo-marocains de leur valeur aux yeux de nos autorités?
contact.reynders@diplobel.fed.be
Farida Aarrass: « Je crains pour la vie de mon frère», un article de Baudouin Loos 2 novembre
Farida Aarrass: « Je crains pour la vie de mon frère»
La sœur d’Ali Aarrass, le Belgo-Marocain condamné à douze ans au Maroc après des aveux extorqués sous la torture, a pu voir son frère en prison ce lundi matin.
Farida Aarrass est encore sous le choc. A peine rentrée de la prison de Salé 2, à côté de Rabat, où elle a vu son frère Ali, en grève de la faim depuis le 25 août dernier, elle ne peut retenir ses larmes au téléphone. « C’est horrible. Ma fille et moi avions l’impression d’avoir un cadavre devant nous, il est squelettique. Si ma mère le voyait, elle ne tiendrait pas le coup. Pourtant, il semble rester maître de lui-même et se montre toujours aussi déterminé. Pas question pour lui d’arrêter sa grève, malgré mes demandes répétées. Je retournerai à la prison ces prochains jours pour avoir gain de cause. Il ne doit pas mourir ! »
Ali Aarrass, pour rappel, est ce Belgo-Marocain de 53 ans – qui n’avait jamais habité au Maroc – condamné à douze ans de prison en 2012 pour terrorisme après avoir été extradé d’Espagne en 2010 puis torturé au Maroc. Il clame son innocence et se plaint de divers mauvais traitements en prison. Un comité de soutien a été créé en Belgique et ce week-end, trois députés, Zoé Genot (Ecolo), Jamal Ikazban (PS) et Youssef Handichi (PTB), ont observé une grève de la faim de 24 heures en solidarité. Plusieurs médias belges qui avaient peu ou pas traité le sujet ont, grâce à eux, décidé d’écrire des articles ou de diffuser des reportages.
« Je dois tenir bon »
« Même s’il a perdu son sourire, il a essayé de me rassurer, raconte encore sa sœur depuis Rabat, reprenant son souffle. Il m’a dit : “Je dois être impressionnant à voir mais je vais bien, j’ai toute ma tête et je dois tenir bon. Si le Maroc est l’Etat de droit qu’il prétend être il doit me rendre la liberté puisque je n’ai commis aucun crime, ni envers le Maroc ni envers ma patrie la Belgique, où j’ai longtemps vécu et fait mon service militaire”. D’autres binationaux bénéficient d’un meilleur traitement », remarque aussi Farida, qui se bat depuis des années pour que la Belgique lui accorde une assistance consulaire (ce que les tribunaux bruxellois ont d’ailleurs confirmé par des décisions en 2014, mais la Belgique a porté l’affaire devant la Cour de cassation, qui n’a pas encore entendu les parties).
Ali Aarrass a été récemment transféré pendant trois jours à l’hôpital Avicenne, à Rabat. « Ali, conclut Farida, a trouvé tout le personnel de l’hôpital très aimable, certains même formidables, il tient à les remercier, comme il le fait pour tous ceux qui se battent pour lui en Belgique. Mais j’ai peur pour lui, je crains pour sa vie. Pourtant, il insiste. Son combat est pour la justice et pour la dignité. »
NB La famille et les amis d’Ali Aarrass consignent depuis des années les informations sur un site qui lui est décidé : www.freeali.be/
SOURCE
Communiqué de presse : L’AMDH Section Belge rejoint la grève de la faim tournante pour Ali Aarrass
L’Association Marocaine des Droits Humains Section Belge (AMDH) suit avec grande inquiétude ce que nous pouvons désormais nommer « L’affaire Ali Aarrass ».
Ce Belgo-Marocain, injustement abandonné par l’Etat belge dans les prisons marocaines, est à son 69 ème jour de grève de la faim.
Malgré les sérieux dommages que peut causer cette grève de la faim sur sa vie, A.Aarrass voit dans cette action le seul et inévitable moyen de faire entendre sa cause.
L’AMDH dénonce, encore une fois, ce manque d’intérêt que manifeste l’Etat belge envers l’un de ses citoyens, et met en garde sur ce que peut avoir comme conséquences délétères la différence de traitement entre Allochtones et Autochtones dans ce pays.
L’AMDH apporte son total soutien aux grévistes qui ont décidé d’entamer une grève de la faim tournante, initiée par sa sœur Farida Aarrass depuis le mercredi 28 octobre en guise de protestation contre ce que subit A.Aarrass depuis plus de 5 ans.
L’AMDH Belgique sera présente avec ses militants sur le camp de grève situé au petit sablon (juste derrière le SPF des affaires étrangères) ce mercredi 4 novembre à partir de 10:30.
Vidéos : la campagne pour Ali Aarrass dans les médias (RTBF, ZinTV, Egalitv, Télébruxelles, La DH..)
La vidéo choc d’Ali Aarrass sur YouTube
DH : EXCLU: les images d’un Belgo-Marocain torturé en prison au Maroc ! (VIDÉO)
RTBF : Le comité de soutien à Ali Aarrass interpelle Reynders en pleine conférence
RTBF : Un Belge torturé au Maroc
Télébruxelles : Trois députés en grève de la faim pour Ali Aarrass
Zintv : vidéos de la campagne pour Ali Aarrass
Egalitv Chaine : vidéos de la campagne pour Ali Aarrass
Au Festival des Libertés (à partir de 4min 35)
RTL info Zoé Genot : l’interview politique 2 novembre
Bande annonce – « Ali Aarrass, pour l’exemple » de Mohamed Ouachen (2012)
Articles in English : The Brussels Times : Ali Aarrass affair: three Brussels MPs join the hunger strike / Rolling hunger strike launched in Brussels for Ali Aarrass
Article dhnet 2 novembre 2015 : « Pour l’État belge, il y a des citoyens de seconde zone »
Ali Aarrass : Dépot d’une question orale de Benoit Hellings, Député fédéral, à Monsieur Didier Reynders, Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères
Concerne : l’assistance consulaire à apporter à un citoyen belgo-marocain.
Monsieur le Vice-Premier Ministre,
Lors de la dernière législature l’ex-députée fédérale Zoé Genot vous a posé un grand nombre de questions au sujet de la situation catastrophique dans laquelle se trouve un citoyen belgo-marocain actuellement incarcéré au Maroc. Ali Aarrass a été condamné il y a quatre ans pour « appartenance à un groupe ayant l’intention de commettre des attentats terroristes », sur base d’aveux obtenus sous la torture selon Amnesty International.
Vous aviez affirmé alors que la Belgique ne peut intervenir au titre de l’assistance consulaire dans la mesure où l’intéressé possède la double nationalité belge et marocaine et que ce sont les autorités marocaines qui sont dès lors en charge du dossier, en vertu d’une coutume que vous souhaitiez voir respectée. Vous aviez aussi invoqué la Convention de La Haye de 1930 pour ne pas intervenir. En vertu de ce traité, un État doit s’abstenir de toute intervention en faveur d’un de ses nationaux en difficulté dans un pays dont il aurait aussi la nationalité. Mais cette convention n’est pas d’application dans les relations entre le Maroc et la Belgique, le Maroc n’étant pas partie à ce traité ! De plus, en 2013, suite à l’arrestation de Yuba Zalen (un militant maroco-néerlandais de la cause berbère), le parlement néerlandais a exercé une pression importante pour obtenir sa libération et le gouvernement hollandais a agi en ce sens. Il est donc possible pour l’Etat belge d’exercer une pression diplomatique maximale sur le Maroc afin de faire libérer notre concitoyen.
Face à cette situation, l’intéressé a intenté en 2014 un procès contre l’Etat belge : il l’a gagné tant en première instance qu’en appel. La Belgique s’est pourvue en Cassation. Vous vous êtes fendu le 6 octobre dernier d’une missive concernant cette affaire à l’adresse de votre homologue marocain. Cette lettre est très peu convaincante, comme si celle-ci était guidée par la seule décision de justice et non la ferme intention d’exercer une pression sur les autorités marocaines ! Ali Aarrass a entre-temps commencé une grève de la faim.
D’où, Monsieur le Vice-Premier Ministre, mes questions :
1. Pouvez-vous me préciser la réponse reçue de votre collègue marocain ?
2. Allez-vous enfin offrir l’assistance consulaire adéquate à ce ressortissant belge torturé ?
D’avance je vous remercie pour votre réponse,
21/10/2015