« L’affaire du groupe Abdelkader Beliraj vient tout d’abord d’une vengeance contre un parti politique de gauche : le gouvernement avait interdit un meeting d’un mouvement islamiste et le parti socialiste leur donné une salle pour qu’ils puissent quand même organiser leur congrès et s’exprimer. Parce que les islamistes marocains ne sont pas des extrémistes et ils ne considèrent plus la gauche comme leur ennemi. Alors, les autorités ont imaginé ce groupe terroriste islamiste et ont arrêté les gens, y compris un membre du parti socialiste, pour envoyer un message : vous avez permis ce que nous avions interdit.
En plus, le rapprochement de la gauche et des islamistes, qui se battaient auparavant, cela fait peur aux autorités. Et c’est surtout pour cela que cette affaire a été manigancée.
Donc, l’affaire du groupe Beliraj, tout le monde sait que c’est un coup monté, pour réprimer cette nouvelle mouvance islamiste moderne, que le gouvernement ne peut plus stigmatiser comme avant. Pour faire croire à une grande menace terroriste, on a arrêté des gens au hasard. Le reste, ce sont des gens qu’on a arrêté sans raison et on les a torturés pour qu’ils signent des papiers où ils disent qu’ils appartiennent à la cellule, pour qu’ils désignent telle personne, tel chef, alors qu’il n’y a aucun contact entre ces gens. C’est tout juste s’ils se sont rencontré un jour pour le travail ou dans un café, dans un magasin. Ils ont cherché des gens qui avaient eu des relations vraiment banales. Et on a monté cette histoire pour dire : voilà, nous avons un groupe de terroristes et les islamistes sont une menace.
Pour faire cela, ils ont d’abord arrêté Beliraj, qui avait été en Belgique… Alors, peut-être qu’il faisait du commerce d’armes, peut-être qu’il travaillait avec les services secrets belges… En ce qui le concerne, on ne sait pas très bien… C’est autour de lui qu’on a monté toute cette histoire de groupe terroriste, pour arrêter ce projet islamiste qui est différent des projets radicaux qu’on connaissait avant. C’est ça la réalité de cette affaire. Et Ali Aarrass n’est qu’une victime de cette machination; il n’a rien à voir avec un quelconque groupe terroriste, qui n’existe pas en réalité.
Alors, maintenant, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement belge ne fait rien. Pourquoi il laisse comme ça un de ses citoyens, se faire torturer. Je ne comprends pas. La Belgique, c’est pourtant une démocratie. Alors, non, je ne comprends pas.
Vous savez, vous, pourquoi il laisse faire ça, votre gouvernement? Parce qu’Ali Aarrass est d’origine marocaine? Pas tout à fait belge, quoi… C’est pour cela? C’est du racisme? C’est comme ça en Belgique? »