Une lettre d’Ali Aarrass, 3 janvier 2014 :  » Celui qui a vécu parmi ces prisonniers, comprendra l’utilité d’encourager tout projet visant à briser leur isolement social.. »

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vêtements Ali Aarrass ILettre de Ali AARRAS
le 3 janvier 2014, Prison de Salé II

Personne ne me contredira si j’affirme que pour bâtir une société saine de toutes les formes de vices et de comportements malsains, il est nécessaire d’établir un code visant à intégrer et réinsérer ceux qui ont été par un malheureux concours de circonstances, poussés dans les marécages de la criminalité et/ou la folie ainsi que d’instaurer les bases solides d’équilibre et de solidarité entre les différentes composantes de cette même société.

Cette catégorie de personnes (emprisonnées) est malheureusement éloignée de toutes sortes d’activités.

Il n’est clairement pas de refus que quelqu’un prenne l’initiative d’un projet visant à rapprocher ces prisonniers dont on souhaite la réhabilitation, et le reste de la société pour mettre un fossé entre eux et toute impulsion criminelle pouvant nuire partiellement ou totalement à la vie publique.
Celui qui a vécu parmi ces prisonniers, comprendra l’utilité d’encourager tout projet visant à briser leur isolement social et qu’ils continuent ainsi à faire partie de la société même derrière les barreaux.
Ali
Cependant personne ne peut imaginer toutes les difficultés et obstacles que l’on peut rencontrer si on se lance dans cette voie :

– En date du 29/08/2013, lors de ma rencontre avec Jamila Sayouri et quelques membres du CNDH, j’avais proposé au directeur de la prison de Salé II  Mr Abdellah Darif, de faire ramener de Belgique des vêtements, des chaussures et des produits d’hygiène et de les distribuer aux prisonniers pauvres ou à ceux qui purgent leur peine très loin de leur familles, en espérant que ça leur redonnerait un peu de leur humanité (confisquée).  Le directeur était très favorable à ce projet qu’il considérait comme une initiative humaine à encourager.

– Après avoir donné le feu vert à ma famille en Belgique pour concrétiser ma proposition et commencer la collecte, j’ai revu M. Darif en date du 27/09/2013 pour m’assurer de la véracité de son soutien, ce qu’il m’a confirmé à nouveau.

– Le 30/09/2013, jour de la visite prévue, j’ai essayé de joindre le directeur sans succès pour lui annoncer que les sacs de vêtements, chaussures et le nécessaire de toilette, destinés aux prisonniers étaient en route pour la prison de Salé II.
Les collaborateurs de la direction m’ont alors expliqué qu’il s’est absenté pour assister à l’enterrement d’un membre de sa famille.

Tout avait l’air de bien se dérouler puisqu’on avait laissé ma soeur faire rentrer plusieurs sacs contenant les affaires destinées aux détenus sous l’œil bienveillant de militants du parti belge EGALITE.

Les choses ont subitement basculé à la fin de la visite puisqu’au moment où ma sœur a voulu récupérer son passeport, on lui a refusé tant qu’elle ne récupérait pas les différents sacs qu’elle avait fait entrer,  prétextant qu’ils n’ont pas reçu d’instruction concernant la réception de ces sacs.

Ma sœur a refusé de céder à leur chantage et la réaction des matons ne s’est pas fait attendre puisqu’ils ont sauvagement tout jeté en-dehors de l’enceinte de la prison.

Quelques questions me viennent à l’esprit :

– Est-ce que l’autorisation de laisser entrer les sacs a été de la seule initiative des gardes de l’entrée principale ? Chose inconcevable !!!

– Comment on a pu laisser entrer ces sacs sans autorisation préalable ?

– Ou était-ce tout simplement un simulacre visant à donner une bonne image de la prison Salé II devant la caméra des membres d’Egalité qui ont filmé l’entrée des sacs mais n’ont pu entrer à l’intérieur ?OMP

Il est à noter que l’organisation ‘l’observatoire’ s’est chargée de conserver les sacs en attendant qu’une solution soit trouvée.

Le militant Abdellah Mozdad de l’observatoire a essayé d’en trouver une, en s’adressant a M. Mostafa Hilmi chargé des affaires sociales à la direction générale des prisons, qui dit ne rien pouvoir faire sans la bénédiction du directeur général des prisons M. Tabeq Saleh Mohamed.  La situation n’a toujours pas évolué depuis malgré toutes les tentatives, notamment celle du CNDH sans plus de succès.

Pourquoi réserve-t-on aux détenus de la prison de Salé II un traitement pareil ? Sont-ils si monstrueux qu’ils ne méritent même pas qu’on s’intéresse à leur situation ou qu’on essaie d’améliorer leurs conditions de détention si pitoyables ?

Le refus catégorique, répété et injustifié de toutes les initiatives citoyennes  ne facilitera pas la réhabilitation des détenus, puisqu’il  ne fait qu’accentuer l’isolement et le renferment déjà assez bien ancrés au sein du milieu carcéral et avorte toute possibilité de réinsertion future.

Prison Salé II
03/01/2014
Ali Aarrass
(Traduction  par Fadwa)

lettre à Ali Aarrass

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